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Nirvâna

 

Nirvâna

Tout est aboli, hormis le Seul muet.

Le mental affranchi de la pensée et le cœur de la peine deviennent dès lors étonnamment inexistants ;

il n'y a plus ni Je, ni Nature, connu-inconnu.

La ville, théâtre d'ombres sans couleur,

flotte et tremble, irréelle ; des formes sans relief

passent comme de vagues silhouettes dans un film ; tel un récif sombrant dans les abysses sans rivage, le monde n'existe plus.

 

Le Permanent illimitable, seul,

est ici. Une Paix prodigieuse, sans visage, immobile

remplace tout — ce qui naguère était Je, est en Elle 

 un vide sans nom, silencieux, satisfait

de disparaître dans l'Inconnaissable

ou de plonger dans l'extase des mers lumineuses de l'Infini.

 

 Sri Aurobindo, Poèmes, 1930-1938

 

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