Au moment où ce
livre s'achevait, la première, tentative de fondation d'un début hésitant
d'ordre mondial nouveau — que les gouvernements et les peuples avaient commencé
d'envisager comme une nécessité permanente s'il devait y avoir tant soit peu
d'ordre dans le monde — était à l'étude et se débattait, mais n'avait pas
encore reçu une forme concrète et pratique. Il devait pourtant se faire et,
finalement, un début mémorable a eu lieu. Il a pris le nom et l'apparence de ce
qui fut appelé la Société des Nations. Sa conception n'était pas heureuse, ni
sa formation bien inspirée, et elle ne devait pas avoir une longévité
considérable ni une carrière très réussie. Mais le seul fait que l'on ait
organisé et lancé une telle entreprise et qu'elle ait continué son chemin
pendant un temps sans s'effondrer aussitôt, est en soi un événement d'une
importance capitale et marque le point de départ d'une ère nouvelle dans
l'histoire du monde ; et surtout, même si elle échouait, cette initiative ne
pouvait pas rester sans suite et elle devait être reprise jusqu'à ce qu'une
solution plus heureuse réussisse à sauvegarder l'avenir du genre humain, non
seulement contre le désordre continuel et le péril de mort, mais contre des
possibilités destructrices qui pourraient aisément préparer l'effondrement de
la civilisation et, peut-être même, finalement, quelque chose que nous
pourrions appeler le suicide de l'espèce humaine. La Société des Nations a donc
disparu, mais elle a été remplacée par l'Organisation des Nations Unies, qui
occupe maintenant le premier rang du monde et se débat pour obtenir quelque
sorte de permanence solide et de succès dans une formidable entreprise dont
dépend l'avenir du monde.
Aurobindo Ghose, L’IDÉAL DE L’UNITÉ
HUMAINE
CHAPITRE XXXVI, Postface
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