Toute la vie est un yoga. Par ce yoga intégral, nous ne cherchons pas seulement l'Infini: nous appelons l'Infini à se révéler lui-même dans la vie humaine. Sri Aurobindo SRI AUROBINDO - YOGA INTEGRAL: octobre 2018

SRI AUROBINDO
. . YOGA INTÉGRAL


Les négations de Dieu sont aussi utiles pour nous que Ses affirmations. Sri Aurobindo
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C'est le Supramental qu'il nous faut faire descendre, manifester, réaliser.

Quelques possibilités de réalisation



Parmi les forces, les formes, les systèmes actuellement possibles ou susceptibles d'émerger, quel sera le choix de la Volonté secrète dans les choses pour réaliser l'unification extérieure de l'humanité ? C'est là un sujet de spéculation intéressant, fascinant pour ceux qui voient plus loin que l'horizon étroit des événements passagers ; malheureusement ce ne peut être rien de plus pour le moment. La multitude même des possibilités en présence dans cette période de l'histoire si lourde des forces les plus variées et les plus puissantes, si féconde en développements subjectifs nouveaux et en mutations objectives nouvelles, crée un brouillard impénétrable à travers lequel seules des formes géantes peuvent se deviner. Tout ce que nous pouvons nous permettre dans, un domaine aussi hasardeux, c'est de noter quelques idées suggérées par l'état actuel des forces et par l'expérience du passé.
    L'idée d'une solution immédiate sur la base d'une association de nationalités libres, est une impossibilité pratique dans les conditions internationales actuelles et vu l'état de la mentalité ou de la moralité internationales. Nous ne la prenons donc pas en considération, bien que ce soit évidemment la base idéale. Il faudrait en effet qu'elle appuie sa force motrice sur une harmonie des deux grands principes qui s'affrontent maintenant: le nationalisme et l'internationalisme. Adopter cette idée, c'est aborder le problème de l'unité humaine non seulement sur une base rationnelle mais solidement morale : d'une part, il faudrait reconnaître le droit de tous les grands groupements humains naturels à vivre et à être eux-mêmes, et que le respect de la liberté nationale devînt un principe de conduite humaine reconnu ; et d'autre part, il faudrait un sens suffisant de la nécessité de l'ordre et de l'entraide, et d'une participation commune, mutuelle, à une vie commune et à des intérêts communs dans le cadre d'une espèce humaine associée et unifiée. La société idéale, l'État parfait, est celui où le respect de la liberté individuelle et la libre croissance de la personne vers la perfection s'allient au respect des besoins, de l'efficacité, de la solidarité, de la croissance naturelle et de la perfection organique de l'entité collective, société ou nation. De même, dans un agrégat idéal de toute l'humanité — une société internationale ou un État universel —, la liberté nationale et la libre croissance des nations, leur réalisation individuelle, devraient s'allier progressivement à un esprit de solidarité et à une croissance, une perfection unifiées de toute l'espèce humaine.
    Ce principe de base étant admis, il y aurait encore certainement des fluctuations dues aux difficultés de mise en application parfaite, de même que dans la croissance de l'agrégat national on a tantôt insisté sur la liberté, tantôt sur l'efficacité et sur l'ordre ; mais puisque les vraies conditions du problème auraient été dès le départ reconnues et non laissées au hasard d'une aveugle lutte à la corde, nous aurions quelques chances d'arriver plus rapidement à une solution raisonnable et avec beaucoup moins de frictions et de violences en cours de route.
    Il y a peu de chances que l'humanité jouisse d'une si rare bonne fortune, le fait serait sans précédent. On ne peut pas s'attendre à des conditions idéales ; elles exigent une clarté psychologique, une modération générale, une intelligence scientifique commune et, par-dessus tout, une élévation et une rectitude morales dont ne se sont jamais encore approchés ni la masse de l'humanité ni ses gouvernements ni ses chefs. Sans elles, ce n'est pas la raison, la justice ni la bienveillance mutuelle qui détermineront la solution du problème mais, comme par ailleurs, le jeu des forces et leur accommodement pratique et légal. De même que le problème des rapports entre l'État et l'individu s'est trouvé embrouillé et obscurci non seulement par le conflit des égoïsmes individuels et collectifs, mais par le heurt continuel des pouvoirs intermédiaires — luttes des classes, querelles de l'Église et de l'État, du roi et des nobles, du roi et du tiers-état, de l'aristocratie et de la plèbe, de la bourgeoisie capitaliste et du prolétariat ouvrier —, de même le problème de la nation et de l'humanité internationale se trouvera sûrement embrouillé par les revendications des mêmes pouvoirs intermédiaires. Sans parler des combinaisons et des intérêts commerciaux, des sympathies culturelles et raciales, des mouvements de masse comme le panislamisme, le panslavisme, le pangermanisme, le pananglo-saxonisme, et peut-être un panaméricanisme et un panmongolisme qui pointent dans l'avenir, et sans parler d'autres monstres encore à naître, il restera toujours un grand facteur intermédiaire : l'impérialisme, ce formidable titan armé et dominateur qui, par nature, exige de se satisfaire, fût-ce au prix de l'étouffement des unités nationales gênantes, et qui ne manquera pas d'affirmer la primauté de ses besoins contre tous ceux du comité international nouveau-né. Cette satisfaction, on peut présumer qu'il l'obtiendra pendant un certain temps ; pendant longtemps il sera impossible de résister à ses exigences. En tout cas, ne pas tenir compte de ses revendications ou imaginer qu'elles peuvent être écartées d'un trait de plume d'écrivain, c'est vouloir bâtir des châteaux symétriques sur les sables dorés d'un idéalisme impraticable.
    Quand il s'agit d'une réalisation pratique, les forces prennent la première place ; les principes moraux, la raison, la justice, n'interviennent qu'autant que les forces peuvent être contraintes ou persuadées de les admettre ; le plus souvent même, elles s'en servent comme d'auxiliaires subalternes, comme de cri de guerre inspirateur ou de camouflage de leurs propres intérêts. Les idées parfois bondissent en forces armées et brisent les remparts des pouvoirs dépourvus d'idéal; quelquefois elles renversent la situation et font des intérêts leur auxiliaire subordonné, un combustible de leur propre flambée; parfois, elles conquièrent par le martyre ; mais en général, elles doivent travailler par une pression serai-voilée et faire quelque compromis avec des forces puissantes, ou même les soudoyer, les enjôler, travailler par leur intermédiaire et en se cachant derrière elles. Il ne peut pas en être autrement tant que l'homme moyen, du troupeau, ne sera pas devenu davantage un être intellectuel, moral et spirituel, et moins exclusivement un animal humain vital, émotif et serai-raisonnable. L'idée internationale n'est pas encore admise et elle devra, du moins pour quelque temps, travailler par cette méthode détournée et s'en tenir à des compromis avec les forces admises du nationalisme et de l'impérialisme.
    On peut se demander si, par les efforts des penseurs et des intellectuels du monde, l'idée d'un juste internationalisme fondé sur le respect du principe des libres nationalités, n'aura pas suffisamment fait de chemin pour qu'au moment où tout sera prêt à l'élaboration d'un système solide et durable, elle vienne exercer une pression irrésistible sur les États et les gouvernements et réussisse à se faire accepter dans une large mesure sinon dans la totalité de ses exigences. La réponse est que les États et les gouvernements ne cèdent pas généralement à une pression morale, sauf dans la mesure où elle ne les contraint pas à sacrifier leurs intérêts vitaux. Aucun empire établi ne libérera de bon cœur ses dépendances ni n'acceptera, à moins d'y être forcé, qu'une nation qui est maintenant sa su- jette, vienne s'asseoir à la table d'un conseil international à titre de libre partenaire. Le vieil enthousiasme pour l'idéal de liberté avait fait intervenir la France en faveur de la formation d'une Italie libre, puis conduit la France et l'Angleterre à recréer une nation grecque. Les libertés nationales dont on exigeait le respect à la pointe de l'épée pendant la guerre (on devrait plutôt dire maintenant au fracas de l'obus) étaient de celles qui avaient déjà acquis droit de cité, et qui avaient donc le droit de se perpétuer. Au-delà de cette limite, rien de mieux n'a été proposé que de restituer aux États libres déjà existants, les populations de leur propre nationalité encore sous un joug étranger. On a proposé la réalisation d'une grande Serbie, d'une grande Roumanie, la réintégration de l'Italie irrédentiste et le retour de l'Alsace-Lorraine à la France. À la Pologne, on ne promettait guère que l'autonomie sous la souveraineté russe, jusqu'à ce que la victoire allemande sur la Russie ait modifié les intérêts en présence, et du même coup l'idéalisme des Alliés. Un certain genre d'autonomie sous une souveraineté impériale, ou à défaut sous une "protection" ou une "influence" impériales, est maintenant considérée par beaucoup comme plus pratique que la restauration des libertés nationales. C'est peut-être un signe de l'obscure croissance de cette notion d'empire fédéré que nous avons discutée et envisagée comme l'une des possibilités de l'avenir. En tant qu'idéal absolu, la liberté nationale n'a plus l'aveu général ni la force créatrice qu'elle avait autrefois. Les nations qui luttent pour la liberté, ne peuvent compter que sur leur propre force et leur propre enthousiasme; le soutien qu'elles peuvent espérer, est tiède et incertain, à part celui d'individus et de petits groupes enthousiastes dont l'aide est purement verbale et sans effet. La plupart même des intellectuels les plus avancés, approuvent chaudement l'idée d'une "autonomie subordonnée" pour les nations encore sujettes, mais paraissent regarder avec impatience leurs velléités de complète indépendance. Bref, l'impérialisme a fait tant de chemin sur sa route florissante, qu'auprès des imaginations les plus libres, les agrégats impériaux font figure de puissance accomplie du progrès humain.
À plus forte raison, ce sentiment doit-il gagner du terrain avec la tendance nouvelle de l'humanité à organiser son existence internationale sur des principes plus larges et plus commodes ! Il est même possible que l'impatience sans vergogne de l'Allemagne, en ses jours impériaux, devant l'existence prolongée de petites nationalités persistant à opposer la barrière de leurs droits acquis contre de vastes combinaisons politiques et commerciales, puisse dorénavant, en adoucissant sa rigueur, justifier ses prétentions et recevoir l'approbation générale de l'humanité, bien que sous une forme moins brutale, moins arrogante et moins agressivement égoïste. Autrement dit, il se peut qu'un fort courant grandisse dans la raison politique de l'humanité et l'amène à désirer, peut-être même finalement à imposer, une réorganisation des États suivant un système de vastes consortiums impériaux et non sur la base d'un statu quo où empires et libres nationalités se trouveraient mélangés[1] .
    Mais même si cet ordre de choses ne se réalise pas ou s'il se réalise trop tardivement, les États libres actuels, non impériaux, vont se trouver obligatoirement inclus dans les systèmes internationaux susceptibles de se créer — conseil international ou autre ; or, leur position dans ce système aura des chances de ressembler beaucoup à celle des petits seigneurs du Moyen Age vis-à-vis des grands princes féodaux : une position de vassal plus que d'égal. La guerre a montré clairement que seules les grandes puissances comptent vraiment dans la balance internationale; toutes les autres n'existent que par tolérance, protection ou alliance. Tant que le monde était organisé sur le principe des nationalités séparées, la prépondérance des grandes puissances pouvait avoir une réalité latente simplement, sans effet vraiment important sur la vie des petites nations, mais cette immunité pourrait bien cesser du jour où la nécessité d'une action combinée ou d'une interdépendance active et permanente deviendra un élément reconnu ou la base même du système mondial. La position d'un État mineur qui voudrait s'opposer à la volonté d'une grande puissance ou d'un groupe de puissances, serait même bien pire que celle des petits États neutres pendant la guerre actuelle ou que celle d'une petite industrie-privée entourée de grands trusts. L'État mineur serait contraint de suivre l'un ou l'autre des groupes de léviathans qui l'entourent et son poids, son action en tant que puissance indépendante, seraient nuls dans les conseils internationaux.

[1] Si les ambitions de l'Italie, de l'Allemagne et du japon avaient triomphé, et les idées fascistes en général, cet ordre de choses aurait pu finir par s'imposer. (Note de Sri Aurobindo)

Sri Aurobindo, L'idéal de l'unité humaine,
Chapitre XV, Quelques possibilités de réalisation
 

Limiter les armées et les armements


    Limiter les armées et les armements est un remède illusoire. Même si l'on réussissait à trouver un instrument de contrôle international efficace, il cesserait de fonctionner sitôt l'apparition d'un choc de guerre réel. Le conflit européen a démontré qu'en temps de guerre, un pays peut se transformer en une énorme manufacture d'armes, qu'une nation peut convertir en armée toute sa population mâle pacifique. L'Angleterre, qui avait commencé par une petite force armée, voire insignifiante, put en une seule année lever des millions d'hommes ; en deux ans, ils étaient entraînés, équipés et jetés effectivement dans la balance. Cet exemple suffit à prouver que la limitation des armées et des armements peut seulement alléger le fardeau national en temps de paix, lui laissant par cela même davantage de ressources pour le conflit, mais elle ne peut empêcher, ni même diminuer, l'intensité désastreuse et la généralisation de la guerre. Mais l'établissement d'une loi internationale plus forte, appuyée par des sanctions plus efficaces, ne serait pas davantage un remède parfait et indubitable. On a souvent prétendu que c'était cette loi qui était nécessaire ; de même qu'au sein de la nation la loi a remplacé et supprimé la vieille méthode barbare de règlement des différends entre individus, familles ou clans par l'arbitrage de la force, de même quelque progrès de ce genre devrait être possible dans la vie des nations. C'est peut-être ce qui se produira finalement, mais espérer que ce mécanisme fonctionnera tout de suite avec succès, c'est ignorer à la fois la base réelle de l'autorité effective de la loi et la différence qui existe entre les éléments constitutifs d'une nation développée et les éléments constitutifs du comité international mal développé que l'on se propose d'instaurer.
 En fait, l'autorité de la loi dans une nation ou une communauté ne dépend pas d'une soi-disant "majesté", d'une sorte de pouvoir mystique des règlements et des décrets conçus par les hommes. La vraie source de son pouvoir est double : d'abord, le puissant intérêt de la majorité ou de la minorité dominante, ou même de l'ensemble de la communauté, à maintenir la Loi ; ensuite la possession exclusive de la force armée, policière et militaire, pour appuyer cet intérêt. Le glaive métaphorique de la justice ne peut agir que parce que, derrière lui, se trouve un glaive réel qui impose ses décrets et  ses sanctions aux rebelles et aux dissidents. Or, le caractère essentiel de cette force armée est de n'appartenir à personne, à aucun individu, aucun groupe particulier de la communauté, mais seulement à l'État — roi, classe ou corps dirigeant — qui, centralise l'autorité souveraine. Il n'y aurait aucune sécurité si la force armée de l'État se trouvait contrebalancée ou son efficacité exclusive amoindrie par l'existence d'autres forces armées appartenant à des groupes ou des individus et soustraites le moins du monde au contrôle central, ou même si elles étaient susceptibles d'utiliser leur pouvoir contre l'autorité gouvernementale. Mais même ainsi, même avec une autorité appuyée par une force armée unique et centralisée, la loi n'a jamais été capable d'empêcher les conflits entre individus et entre classes, et ceci parce qu'elle n'a jamais réussi à supprimer les causes de conflit, psychologiques, économiques ou autres. Par les sanctions qu'il encourt, le crime prend toujours l'aspect d'une violence réciproque ; c'est une sorte de révolte du même genre que la guerre civile, et même dans les communautés les plus policées et les plus respectueuses de la loi, le crime sévit encore. Même l'organisation du crime est possible, bien qu'elle ne puisse généralement pas durer ni établir son pouvoir, ayant contre elle les sentiments véhéments et l'organisation effective de toute la communauté. Mais — et ceci entre davantage dans notre sujet — la loi n'a jamais pu éliminer les possibilités de conflits civils ni de dissensions violentes et armées au sein même de la nation organisée, bien qu'elle ait pu les minimiser. Chaque fois qu'une classe ou une opinion s'est crue opprimée ou traitée avec une intolérable injustice, chaque fois qu'elle a trouvé la loi et sa force armée associées si totalement à des intérêts contraires que la suspension du principe légal était ou paraissait être le seul remède et que l'insurrection ou la violence de la révolte semblaient devoir s'opposer à la violence de l'oppression, elle a eu recours à l'antique arbitrage de la force, si elle pensait avoir quelque chance de succès. Même de nos jours, nous avons vu la nation la plus soumise aux lois chanceler au bord d'une guerre civile désastreuse et des hommes d'État conscients de leurs responsabilités déclarer qu'ils étaient prêts à recourir à la force si telle ou telle mesure qu'ils réprouvaient était mise en vigueur, et ceci en dépit du fait que cette mesure avait été adoptée par l'autorité législative suprême avec l'approbation du souverain*.
    Mais dans une formation internationale imprécise telle qu'elle est actuellement possible, la force armée resterait encore partagée entre les groupes constituants ; c'est à eux qu'elle appartiendrait et non à l'autorité souveraine, que ce soit un Super-État ou un conseil fédéral. Cette situation ressemblerait assez à l'organisation chaotique des âges féodaux où chaque prince ou baron avait sa juridiction et ses propres ressources militaires et pouvait défier l'autorité du souverain, à condition d'être assez puissant ou de pouvoir disposer d'alliés suffisants en nombre et en force parmi ses pairs. Mais dans le cas présent, nous n'aurions même pas l'équivalent d'un souverain féodal (un roi, qui s'il n'était pas vraiment un monarque, était du moins le premier de ses pairs) ayant le prestige de la souveraineté et les moyens d'en faire une réalité forte et permanente.
    Les choses n'iraient guère mieux si une force armée composite contrôlait les nations et leur puissance militaire individuelle, car dès qu'un conflit éclaterait ouvertement, la force composite se décomposerait et ses éléments retourneraient à leur origine. Au sein d'une nation développée, l'individu est une unité et il est perdu dans la masse des individus, il est incapable d'évaluer avec certitude la force dont il pourrait disposer en cas de conflit, il a peur des autres individus qui n'ont pas un lien direct avec lui et voit en eux des soutiens naturels de l'autorité outragée; la révolte est pour lui une affaire des plus dangereuses et ses conséquences sont imprévisibles, même un début de conspiration est à chaque instant gros de mille dangers et mille terreurs qui viennent en rangs serrés s'abattre sur de rares chances éparses. Le soldat aussi est un individu solitaire, effrayé par les autres ; un terrible châtiment est suspendu sur sa tête, prêt à tomber au moindre signe d'insubordination, il n'est jamais sûr de l'appui confiant de ses camarades, et quand même il aurait quelque assurance, il ne pourrait pas compter sur le soutien effectif de la population civile; il est donc privé de la force morale qui pourrait l'encourager à défier l'autorité de la loi et du gouvernement. De plus, il sent bien qu'il n'appartient plus à un individu, une famille ou une classe, mais à l'État et au pays, ou du moins à la machine dont il fait partie. Or, dans le cas dont nous nous occupons, les parties constituantes représenteraient un petit nombre de nations, dont certaines seraient de puissants empires bien capables de regarder autour d'eux et de mesurer leur propre force, de s'assurer des alliés et d'évaluer les forces adverses ; ils auraient simplement à considérer les chances de succès ou d'échec. Les soldats de cette armée composite seraient donc de coeur avec leur pays et pas du tout avec l'entité nébuleuse qui les commanderait.
    Par conséquent, en attendant la formation effective d'un État international constitué de telle manière qu'il ne soit pas simplement un conglomérat de nations mal liées, ou plus exactement un bavardage de députés des gouvernements nationaux, le règne de la paix et de l'unité rêvé par les idéalistes, ne sera jamais possible par ces moyens politiques et administratifs, ou s'il est possible, il n'offrira aucune sécurité. Même si la guerre était éliminée sous sa forme actuelle, d'autres moyens de conflit seraient inventés, peut-être beaucoup plus désastreux que la guerre, de même que les crimes individuels continuent d'exister au sein des nations, de même que d'autres moyens d'agression, telles les désastreuses grèves générales, sont utilisés dans la lutte des classes. On peut même dire que les moyens de conflit sont nécessaires et inévitables dans l'économie de la Nature, non seulement pour satisfaire à la nécessité psychologique des discordes, des passions et des ambitions égoïstes, mais aussi comme une soupape de sûreté et pour donner une arme au sens de l'injustice, aux droits opprimés, aux possibilités frustrées. La loi est toujours la même : partout où l'égoïsme est la source de l'action, il engendre nécessairement ses résultats et réactions, et même si ceux-ci sont contenus et réprimés par un mécanisme extérieur, leur déchaînement final est certain; il peut être différé mais non définitivement évité.
Du moins, il est évident que sans autorité centrale puissante, aucune formation imprécise ne peut être satisfaisante et efficace ni durable, même si elle est beaucoup moins imprécise et beaucoup plus compacte que tout ce qui semble pouvoir se créer dans un proche avenir. La nature des choses veut qu'une deuxième étape intervienne, un mouvement vers une rigidité plus grande, une restriction des libertés nationales, et que s'érige une autorité centrale unique dotée d'un pouvoir de contrôle uniforme sur les peuples de la terre.
*  Il s'agit probablement de l'affaire du Home Rule irlandais, voté au prin­temps de 1914 mais dont l'application fut remise pour après la guerre. Toute l'Angleterre était divisée à ce sujet. (Note de l'éditeur) 

Sri Aurobindo, L'idéal de l'unité humaine, Chp XIVPossibilité d'un début d'unité internationale : ses énormes difficultés


L'avenir du monde n'est en rien protégé


      La croissance de l'entité nationale se fait en réalité sous la pression d'un besoin intérieur et d'une idée intérieure, mais par l'entremise de forces, de formes et de moyens politiques, économiques et sociaux. L'étude de ce développement nous montre un progrès qui part d'une formation imprécise où sont rassemblés divers éléments en vue de l'unification, puis une période de forte concentration et de contrainte pendant laquelle un ego national conscient se développe, se fortifie et acquiert un centre et les organes nécessaires à sa vie, enfin une période finale d'existence séparée et de solide unité interne qui permet de résister aux pressions externes et qui donne à chacun la liberté et la possibilité de participer activement et de plus en plus également aux bénéfices de la vie nationale. Si l'unité de l'espèce humaine doit se réaliser par les mêmes voies et les mêmes moyens et d'une manière analogue à celle de la nation, nous devons nous attendre à ce qu'elle suive un cours analogue. Du moins, c'est la probabilité la plus évidente, et elle semble conforme à la loi naturelle de toute création d'abord une masse imprécise, une vague plus ou moins amorphe de forces et de matériaux, puis une contraction, un resserrement, une solidification dans un moule précis où peut enfin se dérouler en toute sécurité l'évolution féconde de formes vivantes variées.
    Si nous considérons l'état actuel du monde et ses possibilités immédiates, nous voyons qu'une période initiale de formation imprécise et d'ordre imparfait est inévitable. Ni l'état de préparation intellectuelle de l'espèce humaine, ni le développement de ses sentiments ni les forces et les conditions économiques et politiques qui la meuvent ou dont elle se préoccupe, n'ont atteint le point de tension interne ou de pression externe qui permettrait d'espérer un changement total de notre base de vie et l'établissement d'une unité complète et réelle. Pour le moment, il ne peut y avoir d'unité réelle, même extérieure, et encore moins d'unité psychologique. Il est vrai qu'un vague sentiment ou un besoin de quelque chose de ce genre a rapidement grandi et que la leçon de la guerre a fait sortir de l'état naissant où elle n'était encore que la chimère généreuse de quelques pacifistes ou idéalistes internationalistes, ce qui sera l'idée maîtresse de l'avenir. On est arrivé à reconnaître que l'idée d'unité humaine recèle une force de réalisation finale, et la voix de ceux qui la décriaient comme une marotte d'intellectuels excentriques et de maniaques, n'a plus autant de volume, ni la même confiance, n'étant plus aussi solidement soutenue par le bon sens de l'homme moyen, ce bon sens à courte vue du mental matériel qui est doté d'un fort sentiment des réalités immédiates et d'un complet aveuglement pour les possibilités futures. Mais jusqu'à présent, la longue préparation intellectuelle a manqué ; les intellectuels de l'époque n'ont pas jeté la semence d'une pensée de plus en plus impérieuse afin de remodeler les idées de l'homme moyen, et la révolte grandissante contre les conditions actuelles n'a pas encore atteint le point où de grandes masses d'hommes, saisies par la passion d'un idéal et l'espoir d'un bonheur nouveau pour l'humanité, sont prêtes à briser les bases existantes pour bâtir un nouvel ordre de vie collective. Il y a bien eu, dans une large mesure, une certaine préparation intellectuelle et un rassemblement des forces de révolte, mais dans une autre direction et pour remplacer la base individualiste de la société par un collectivisme de plus en plus complet. Ici, la guerre a agi comme une force accélératrice et nous a beaucoup rapprochés de la réalisation d'un socialisme d'État (pas nécessairement démocratique). Mais nulle part, ne sont apparues les conditions préalables qui favoriseraient un fort mouvement d'unification internationale. On ne peut raisonnablement prédire un grand jaillissement dynamique d'idéalisme en masse allant dans ce sens. Il est possible que la préparation ait commencé, que les événements récents l'aient grandement facilitée et hâtée, mais elle n'en est encore qu'à ses premières étapes.
 Dans ces conditions, il est peu probable que les idées et les projets des intellectuels du monde qui voudraient repenser le statut de la vie internationale de fond en comble à la lumière de principes généraux, puissent se réaliser tout de suite. En l'absence d'une explosion idéaliste générale de l'aspiration humaine créatrice qui rendrait possible pareil changement, ce ne sont pas les idées du penseur qui façonneront l'avenir, mais le mental pratique du politicien, parce qu'il représente la raison moyenne et le tempérament moyen de l'époque — mais ce qu'il accomplit est généralement beaucoup plus proche du minimum que du maximum possible. La mentalité moyenne des grandes masses est prête à écouter les idées qu'on l'a préparée à recevoir et elle a l'habitude de se jeter sur une notion ou l'autre avec une avidité sectaire, tandis que son action reste moins gouvernée par sa pensée que par ses intérêts, ses passions, ses préjugés. Le politicien et l'homme d'État (le monde est maintenant plein de politiciens, mais bien vide d'hommes d'État) obéissent à l'état d'esprit général de la masse; le politicien est gouverné par cet état d'esprit, tandis que l'homme d'État doit toujours en tenir le plus grand compte et ne peut conduire la masse où il voudrait, à moins qu'il ne soit l'un de ces grands génies ou de ces puissantes personnalités qui unissent la largeur d'esprit, la force de conception dynamique, à un pouvoir ou à une influence énormes sur les hommes. De plus, le mental politique a ses limitations particulières outre celles de la mentalité générale de la masse : plus qu'elle encore, il est respectueux du statu quo, moins disposé encore aux grandes aventures et à abandonner les sûrs ancrages du passé, plus incapable de se lancer dans l'incertain et le nouveau. Pour s'y résoudre, il faut qu'il soit contraint par l'opinion générale ou par un intérêt puissant, à moins qu'il ne tombe lui-même sous le charme d'un grand et nouvel enthousiasme qui flotte dans l'atmosphère mentale de l'époque. 
  Si le mental politicien est entièrement laissé à lui-même, nous ne pouvons guère espérer que la plus grande convulsion internationale de l'histoire apporte un résultat autrement tangible qu'un réarrangement de frontières, une redistribution du pouvoir et des possessions, et quelques développements plus ou moins désirables dans les relations internationales, commerciales ou autres. C'est là une désastreuse possibilité qui conduirait (tant que le problème n'est pas résolu) à des convulsions plus désastreuses encore, et l'avenir du monde n'est en rien protégé contre cette éventualité. Cependant, puisque le mental de l'humanité a été grandement ému et ses sentiments puissamment éveillés ; puisque l'on sent de plus en plus que le vieil état de choses n'est plus tolérable et que même le mental politicien doit s'être aperçu maintenant assez clairement à quel point est indésirable un équilibre international reposant sur une alliance d'égoïsmes nationaux seulement refrénés par des frayeurs mutuelles et des hésitations communes ou par d'inefficaces traités d'arbitrage, des tribunaux de La Haye et tous les grincements maladroits d'un Concert Européen, nous devrions pouvoir espérer que l'écroulement moral du vieil ordre amène quelque tentative sérieuse de commencement d'ordre nouveau. Les passions, les haines, les espoirs nationaux égoïstes attisés par la guerre, seront certainement de grands obstacles sur le chemin et peuvent aisément frapper d'inanité ce commencement d'ordre ou ne lui conférer qu'une stabilité momentanée. Mais à défaut d'autre chose, le simple épuisement et la réaction interne qui se sont produits après le relâchement de la tension du combat, pourraient peut-être donner le temps à des idées nouvelles, des sentiments, des forces, des événements nouveaux, d'émerger et de contrecarrer l'influence pernicieuse[1].
 Cependant, le maximum que nous puissions espérer sera nécessairement peu de chose. Dans la vie interne des nations, les effets ultimes de la guerre ne peuvent manquer d'être puissants et radicaux, car là tout est prêt après l'énormité de la pression subie, l'expansion qui suit aura certainement des résultats d'une grandeur correspondante. Mais dans la vie internationale, on ne peut guère s'attendre à mieux qu'à un minimum de changement radical qui, si petit qu'il soit, pourrait malgré tout se révéler un point de départ irrévocable, une graine de vitalité suffisante pour assurer l'inévitabilité de la croissance future. À vrai dire, si avant la fin de ce conflit mondial, il s'était produit quelque fait nouveau assez puissant pour changer la mentalité générale de l'Europe, pour contraindre à plus de profondeur les pensées naines de ses gouvernants, pour faire sentir plus largement la nécessité d'un changement radical, nous aurions pu espérer davantage, mais à mesure que le grand conflit tirait à sa fin, aucune possibilité de ce genre n'a émergé ; la période dynamique de la crise pendant laquelle prennent forme les idées et les tendances effectives des hommes, s'est écoulée sans créer aucune impulsion forte ni profonde. Sur deux points seulement, la mentalité générale des peuples s'est trouvée puissamment affectée. D'abord, un sentiment de révolte s'est éveillé contre la répétition possible de la grande catastrophe ; puis, plus fortement encore, s'est fait sentir la nécessité de trouver les moyens d'éviter la dislocation sans égal de la vie économique de l'humanité, issue de cette convulsion. C'est donc dans ces deux directions que l'on pouvait s'attendre à un fait nouveau réel, car il fallait bien faire quelque chose si l'on voulait satisfaire l'attente générale et le désir de tous ; traiter à la légère ces sentiments, c'était déclarer en faillite l'intelligence politique de l'Europe. Cet échec aurait convaincu d'impuissance morale et intellectuelle les gouvernements et les classes dirigeantes, et finalement, peut-être, provoqué une révolte générale des peuples européens contre les institutions existantes et contre la présente direction des affaires publiques, aveugle et sans gouvernail.
    On pouvait donc espérer quelque effort afin de trouver le moyen sûr et efficace de réglementer et de restreindre la guerre, de limiter les armements, de régler d'une manière satisfaisante les disputes dangereuses, et surtout, bien que ce fût le plus difficile, de pallier au conflit des visées et des intérêts commerciaux qui sont actuellement le facteur vraiment décisif (mais certes pas le seul) du retour périodique des guerres. Si ces nouvelles mesures pouvaient contenir en germe un contrôle international, si elles marquaient un premier pas vers un vague organisme international ou en recélaient peut-être les éléments ou une première ébauche, si même elles apportaient un premier modèle auquel l'humanité pût se reporter pour façonner son effort vers une existence unifiée, alors, si rudimentaires et peu satisfaisantes que fussent ces mesures, elles porteraient une promesse d'avenir certaine. Une fois l'humanité mise en route, il sera impossible de revenir en arrière et, quels que soient les conflits, les difficultés, les déceptions, les réactions, les arrêts ou les interruptions brutales qui puissent marquer le cours du développement, tous ces incidents devront en fin de compte aider plutôt qu'entraver l'inévitable résultat final.
    Pourtant, il serait vain d'espérer que le principe d'un contrôle international soit tout de suite entièrement efficace ni que cet organisme imprécis (qui sera probablement au début une nébuleuse semi-formée) puisse prévenir de nouveaux conflits, de nouvelles explosions ou catastrophes [2] . Les difficultés sont trop grandes. La mentalité de l'espèce n'a pas encore l'expérience nécessaire, l'intellect de ses classes dirigeantes n'a pas acquis le minimum de sagesse et de prévoyance requis, le tempérament des peuples n'a pas cultivé les instincts et les sentiments indispensables. Quelles que soient les mesures adoptées, elles reposeront sur la vieille base des égoïsmes nationaux, sur les appétits, les cupidités, l'arrogance des nations, et elles s'efforceront simplement de les modérer juste assez pour éviter les heurts trop désastreux. Les premiers moyens employés seront nécessairement insuffisants parce qu'ils respecteront trop les égoïsmes mêmes que l'on cherche à refréner. Les causes de conflit resteront, l'état d'esprit qui les a engendrées persistera, peut-être atténué et épuisé pour un temps et sous certains de ses aspects, mais nullement exorcisé; les moyens de combat seront peut-être mis sous contrôle, mais il leur sera permis de subsister. Les armements seront réduits, peut-être, mais ils ne seront pas abolis; l'effectif des armées nationales pourra être limité (illusoire limitation) mais les armées resteront ; la science continuera à servir ingénieusement l'art du massacre collectif. La guerre ne peut être abolie que si les armées nationales sont abolies, et même alors, ne sera-ce pas sans difficulté, car il faudrait mettre au point quelque mécanisme nouveau, et l'humanité ne sait pas encore comment le trouver, et serait-il trouvé que pendant longtemps elle ne serait pas capable de l'utiliser et n'en aurait pas vraiment le désir. Or, il n'y a aucune chance que les armées nationales soient abolies ; chaque nation se méfie trop des autres, a trop d'ambitions et d'appétits, trop besoin de rester armée, fût-ce pour garder ses marchés et tenir en laisse ses dominions, ses colonies, ses peuples en sujétion. Les ambitions et les rivalités commerciales, l'orgueil politique, les rêves, les soifs, les jalousies ne vont pas disparaître comme par un coup de baguette magique, simplement parce que l'Europe, dans un fol éclat d'ambitions, de jalousies et de haines longuement mûries, a décimé sa population mâle et jeté en trois ans dans le creuset de la guerre, les ressources de plusieurs décennies. L'éveil doit aller plus profond ; il doit se saisir de sources d'action beaucoup plus pures avant que la psychologie des nations puisse se transmuer en un "quelque chose de merveilleux, de fécond et d'étrange" qui éliminera de notre vie humaine affligée et trébuchante, les collisions internationales et la guerre.
    L'égoïsme national demeurant, les moyens de conflit demeurant, leurs causes, occasions ou prétextes ne manqueront jamais. La guerre actuelle a éclaté parce que les nations prépondérantes avaient depuis longtemps fait tout ce qu'il fallait  pour la rendre inévitable ; elle a éclaté parce qu'il y avait un imbroglio balkanique et un espoir dans le Proche-Orient, parce qu'il y avait des rivalités commerciales et coloniales en Afrique du Nord (et les grandes nations s'étaient déjà battues pour cela pendant la paix, bien avant que l'une, puis d'autres, se jettent sur les fusils et les obus). Sarajevo et la Belgique furent de simples facteurs décisifs; pour trouver les causes profondes, il faut remonter au moins à Agadir et à Algésiras. Du Maroc à Tripoli, de Tripoli à la Thrace et à la Macédoine, de la Macédoine à l'Herzégovine, la charge électrique s'est propagée avec cette inévitable logique des causes et effets, des actions et de leurs fruits — ce que nous appelons le karma —, semant sur son chemin des petites détonations, jusqu'à ce qu'elle ait touché le point inflammable et provoqué la vaste explosion qui a couvert l'Europe de sang et de ruines. Il se peut que la question des Balkans soit définitivement réglée, bien que ce soit loin d'être sûr; il se peut que l'expulsion définitive de l'Allemagne hors d'Afrique puisse détendre la situation en laissant ce continent aux mains de trois ou quatre nations qui, pour le moment, se trouvent alliées. Mais même si l'Allemagne était effacée de la carte et ses ressentiments et ses ambitions rayés des facteurs européens, les causes fondamentales du conflit resteraient. Il y aurait encore la question asiatique du Proche et de l'Extrême-Orient, qui peut se présenter en d'autres conditions, prendre de nouvelles apparences et regrouper ses éléments, mais qui restera si grosse de dangers que si elle était stupidement réglée ou ne se réglait pas d'elle-même, on pourrait à coup sûr prédire une grande conflagration humaine dont l'Asie serait l'origine ou le premier champ de bataille. Même si cette difficulté est résolue, de nouvelles causes de conflit surgiront nécessairement partout où l'esprit d'égoïsme et de cupidité nationale cherchera sa satisfaction; tant que l'égoïsme subsistera, il cherchera à se satisfaire, et même la satiété ne le satisfera jamais pour de bon. L'arbre doit porter ses fruits, et la Nature est toujours un jardinier diligent.
[1] Ceci fut originellement écrit en 1916, avant la fin de la guerre. Cette possibilité plus heureuse n'a pu se matérialiser tout de suite, mais l'insécurité croissante, la confusion et le désordre, ont rendu de plus en plus impérieux la création de quelque système international, si la civilisation moderne ne doit pas s'effondrer dans le sang et le chaos. C'est cette nécessité qui a déterminé la création de la Société des Nations, d'abord, puis de l'O.N.U. —ni l'une ni l'autre ne se sont montrées très satisfaisantes du point de vue politique ; mais désormais, l'existence d'un centre d'ordre organisé est devenu très évidemment indispensable. (Note de Sri Aurobindo)

[2]Cette prédiction, facile à faire alors, et l'examen de ses causes, ont été pleinement justifiés par les événements qui ont suivi et par le déclenchement d'une guerre encore plus formidable et plus désastreuse. (Note de Sri Aurobindo)

Sri Aurobindo, L'idéal de l'unité humaine, Chp XIVPossibilité d'un début d'unité internationale : ses énormes difficultés

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