Toute la vie est un yoga. Par ce yoga intégral, nous ne cherchons pas seulement l'Infini: nous appelons l'Infini à se révéler lui-même dans la vie humaine. Sri Aurobindo SRI AUROBINDO - YOGA INTEGRAL: février 2012

SRI AUROBINDO
. . YOGA INTÉGRAL


Les négations de Dieu sont aussi utiles pour nous que Ses affirmations. Sri Aurobindo
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C'est le Supramental qu'il nous faut faire descendre, manifester, réaliser.

L’AVÈNEMENT DE L'AGE SPIRITUEL

SRI AUROBINDO, 

Psychologie du Développement Social, 
(LE  CYCLE HUMAIN),Pondichéry,1916-1918, 
Chp XXIV, 

L'Avènement et le Progrès de l'Age Spirituel.


Pour qu'un âge subjectif, dernière étape d'un cycle social, puisse aboutir à une société spiritualisée et amener l'émergence de l'humanité à un niveau évolutif supérieur, il ne suffit pas que certaines idées favorables à cette tournure de la vie humaine se saisissent du mental collectif de l'espèce et imprègnent les mobiles ordinaires de sa pensée, de son art, son éthique, ses idéaux politiques, son effort social, ni même qu'elles entrent profondément dans sa manière intérieure de penser et de sentir. Il ne suffit pas non plus que l'idée du royaume de Dieu sur la terre, d'un règne de spi­ritualité, de liberté et d'unité, d'une égalité et d'une harmonie réelles et intérieures (et pas seulement d'une égalisation et d'une association extérieures et mécaniques) deviennent définitivement l'idéal de la vie; il ne suffit pas de professer activement que cet idéal est possible et désirable, digne d'être recherché, et que l'on doit lutter pour y atteindre; il ne suffit même pas qu'il devienne la préoccupation directrice du mental humain. Tout cela serait évidemment un très grand pas en avant — un énorme pas si l'on considère ce que sont à présent les idéaux de l'humanité. Ce serait le commencement nécessaire, le milieu mental indispensable à une rénovation vivante de la société humaine en un type plus élevé. Mais en soi, ceci n'aboutirait qu'à une timide entreprise pour  introduire dans la vie humaine et ses institutions quelque reflet de l'esprit manifesté; ou à une entreprise vigoureuse peut-être, mais dont le succès resterait partiel et temporaire. Jusqu'à présent, l'humanité n'a jamais tenté d'aller plus loin sur cette voie. Elle n'a même jamais tenté d'aller jusqu'au bout de ce petit commencement, excepté dans les limites d'un ordre religieux ou d'une communauté particulière, et encore était-ce avec des défauts si sérieux et des limitations si formidables que l'expérience en restait sans effet et sans rapport avec la vie humaine en général. Si nous nous contentons simplement de professer l'idéal et d'admettre son influence générale sur la vie humaine, l'humanité en restera encore à ce petit commencement dans l'avenir. Il faut davantage. Certes, un éveil spirituel général et une aspiration générale dans l'humanité sont le grand pouvoir moteur nécessaire, mais le pouvoir d'effectuation doit être plus grand. Il faut une recréation dynamique de notre humanité individuelle en un type spirituel.
En fait, l'humanité est satisfaite de traiter l'idéal comme une aspiration, qui reste presque totalement à l'état d'aspiration, et elle n'admet l'idéal que comme une influence partielle. On ne permet pas à l'idéal de modeler la vie tout entière, on lui permet seulement de la colorer plus ou moins; on s'en sert même souvent comme d'un paravent ou d'une excuse pour couvrir des activités qui sont diamétralement opposées à son esprit réel. On crée des institutions avec l'intention de donner corps à cet esprit, mais l'intention reste trop légère et l'on considère comme suffisant le fait d'avoir un idéal et de vivre selon ses institutions. Professer un idéal, devient presque une excuse pour ne pas vivre, selon l'idéal; l'existence des institutions suffit à dispenser que l'on insiste sur l'esprit qui a engendré les institutions. Mais de par sa nature même, la spiritualité est subjective et non mécanique; elle n'est rien si elle n'est pas vécue intérieurement, rien si la vie extérieure ne découle pas de cette existence intérieure. Les symboles, les types, les conventions, les idées ne suffisent pas. Un symbole spirituel n'est qu'une étiquette dépourvue de sens si la chose symbolisée n'est pas réalisée en esprit. Une convention spirituelle peut perdre ou répudier son esprit et devenir un mensonge. Il se peut qu'un type spirituel soit un moule temporaire où coule la vie spirituelle, mais c'est aussi une limitation qui peut devenir une prison où elle se fossilise et périt. Une idée spirituelle est un pouvoir, mais seulement quand elle est créatrice intérieurement et extérieurement. Nous sommes ici devant un principe pragmatique qu'il nous faut élargir et approfondir, à savoir que la vérité est ce que nous créons, mais en ce sens d'abord qu'elle est ce que nous créons en nous-mêmes, C'est-à-dire ce que nous devenons. Sans doute, la vérité spirituelle existe-t-elle éternellement au-delà, indépendante de nous, dans les cieux de l'esprit; mais elle n'est d'aucune utilité pour l'humanité ici-bas, elle ne devient pas vérité de la terre, pas vérité de la vie tant qu'elle n'est pas vécue. La perfection divine est toujours là, au-dessus de nous, mais par spiritualité nous entendons que l'homme devienne divin en conscience et en actes, et qu'intérieurement et extérieurement il vive la vie divine; toute signification moindre donnée à ce terme est une ineptie inadéquate ou une imposture.
Pareil accomplissement n'est possible que par un changement individuel de chaque vie humaine, comme le reconnaissent les religions subjectives. L'âme collective est seulement la grande source semi subconsciente de l'existence individuelle, et si elle doit prends  une forme psychologique précise ou assumer un nouveau genre de vie collective, ce ne peut être que par la croissance des individus et par leur pouvoir formateur. L'esprit manifesté par la collectivité et le pouvoir vrai de sa vie seront à l'image de l'esprit et de la vie des individus qui la composent. Une société qui vit par ses institutions et non par ses hommes, n'est pas une âme collective mais une machine; sa vie devient un produit mécanique et cesse d'être une croissance vivante. Par conséquent, l'avènement d'un âge spirituel doit être précédé par l'apparition d'individus de plus en plus nombreux qui ne seront plus satisfaits de l'existence normale, intellectuelle, vitale et physique de l'homme, et qui percevront qu'une évolution supérieure est le but réel de l'humanité et tenteront de la réaliser en eux-mêmes, puis d'y conduire les autres et d'en faire le but reconnu de l'espèce. Dans la mesure où ils réussiront et selon le degré auquel ils pousseront cette évolution, la potentialité encore irréalisée qu'ils représentent, deviendra une possibilité pratique de l'avenir.
Dans le passé, les grands accès de spiritualité se traduisaient généralement par l'avènement d'une religion nouvelle d'un type ou d'un autre qui s'efforçait de s'imposer à l'humanité comme un ordre nouveau universel. Mais cette cristallisation a toujours été, non seulement prématurée mais fausse aussi; elle a empêché plutôt qu'elle n'a favorisé une réalisation profonde et sérieuse. Certes, le but d'un âge spirituel de l'humanité doit s'accorder au but essentiel des religions subjectives, c'est-à-dire une nouvelle naissance, une nouvelle conscience, une évolution ascendante de l'être humain, une descente de l'esprit dans toutes les parties de notre être, une réorganisation spirituelle de notre vie; mais si cet effort se laisse limiter par le vieil appareil familier et les moyens imparfaits d'un mouvement religieux, il enregistrera très probablement un nouvel échec. Un mouvement religieux apporte généralement une Vague d'excitation et d'aspiration spirituelles qui se communique a un grand nombre d'individus et se traduit par une élévation temporaire et une formation pratique, en partie spirituelle, en partie morale, en partie dogmatique. Mais au bout d'une génération ou deux, ou de quelques générations tout au plus, la vague commence à se retirer et la formation reste. Si le mouvement a été très puissant, parce que, à sa source, il y avait une grande personnalité spirituelle, il est possible qu'il laisse derrière lui une influence centrale et une discipline intérieure qui peuvent très bien servir de point de départ à, de nouvelles vagues; mais celles-ci seront de moins en moins puissantes et de moins en moins durables à mesure que le mouvement s'éloignera de sa Source. Car, dans l'intervalle, pour relier les fidèles entre eux et en même temps les distinguer du monde extérieur non régénéré, un ordre religieux se sera mis à grandir, une Église, une hiérarchie, un type de vie éthique fixe et non progressif, une collection de dogmes cristallisés, de cérémonies, d'ostentations et de superstitions sanctifiées, bref une mécanique compliquée pour le salut de l'humanité. Ainsi, la spiritualité se subordonne de plus en plus à une croyance intellectuelle, à des règles extérieures de conduite et à un rituel de surface; les motifs supérieurs se subordonnent aux motifs inférieurs, et la seule chose essentielle, à des supports, des instruments, des accidents. La tentative initiale, spontanée et puissante, qui voulait convertir la vie entière à une existence spirituelle, cède la place à un système fixe de croyances et de morale avec une teinte d'émotion spirituelle; finalement, même cet élément sauveur est dominé par la mécanique extérieure — l'édifice protecteur devient un tombeau. L'Église prend la place de l'esprit et exige que l'on souscrive universellement et formellement à son credo, à son rituel et son ordre; la vie spirituelle n'est plus pratiquée que par les élus, et encore dans les limites prescrites par leur croyance et leur ordre figés. La majorité néglige même cet effort étroit et se contente de remplacer l'appel d'une vie plus profonde par une piété soigneuse, ou négligente. Finalement, on s'aperçoit que l'esprit de la religion est devenu un maigre ruisseau obstrué par les sables; au mieux, quelques brèves submersions occasionnelles du lit desséché de ses conventions, l'empêchent-elles encore de devenir un simple souvenir dans les chapitres défunts du Temps.
L'ambition d'une croyance ou d'une forme religieuse particulière à devenir universelle et à s'imposer, est contraire à la diversité de la nature humaine, et pour le moins contraire à l'un des caractères essentiels de l'Esprit. Car la nature de l'Esprit est une liberté intérieure spacieuse, une vaste unité ou chaque homme doit avoir la possibilité de croître selon sa propre nature. En outre, et c'est encore, une autre source d'échec inévitable, la tendance habituelle de ces religions dogmatiques est de se tourner vers l'Au-delà et de faire de la régénération de la vie terrestre un mobile secondaire; et cette tendance grandit à mesure que s'affaiblit l'espoir originel d'une régénération universelle et immédiate de l'humanité. Par conséquent; même si de nouvelles et nombreuses vagues spirituelles, chacune avec ses puissants mobiles particuliers et ses disciplines particulières, sont nécessairement le signe avant-coureur d'un âge spirituel, elles doivent cependant subordonner leurs prétentions dans le mental collectif de l'espèce et dans celui de ses chefs spirituels en reconnaissant que tous les mobiles et toutes les disciplines sont valables, et que, cependant, nul mobile, nulle discipline n'est entièrement valable, parce que chacune n'est qu'un moyen et non l'unique chose à poursuivre. La seule chose essentielle doit primer, qui est de convertir la vie entière de l'être humain à la direction de l'esprit. 
La clef de l'énigme [...]

LE NOUVEL AGE

SRI AUROBINDO, 

Psychologie du Développement Social, 
(LE  CYCLE HUMAIN),Pondichéry,1916-1918, 
Chp XXIV, 
L'Avènement et le Progrès de l'Age Spirituel.

[...] La clef de l'énigme n'est pas l'ascension de l'homme au ciel, mais, au contraire, son ascension ici-bas en l'esprit et la descente de l'Esprit dans son humanité ordinaire, une transformation de la nature terrestre. C'est cela, et non quelques salut post mortem, qui est la véritable nouvelle naissance attendue par l'humanité comme le couronnement de sa longue marche obscure et douloureuse.
  Par conséquent les individus qui, en cet âge nouveau feront le plus pour l'avenir de l'humanité, seront ceux qui reconnaîtront q'une évolution spirituelle est la destinée de l'être humain, et donc son besoin le plus profond. De même que l'homme animal s'est largement transformé en une humanité mentalisée, et même hautement mentalisée à son sommet, de même le type humain actuel doit maintenant, ou dans l'avenir, évoluer ou se changer (peu importe l'image que nous employons ou la théorie que nous apportons à l'appui) en une humanité spiritualisée, car tel est le besoin de l'espèce et certainement l'intention de la Nature.
Cette évolution ou cette conversion sera l'idéal et la préoccupation des guides spirituels; ceux-ci seront relativement indifférents aux croyances ou aux formes particulières, et laisseront les hommes recourir à celles vers lesquelles ils sont naturellement attirés. Ils tiendront seulement pour essentiels la foi en la conversion spirituelle, l'effort pour la vivre totalement, et toutes la connaissances, quelles qu'elles soient (peu importe le point de vue dont elles se revêtent) susceptibles de se transmuer en cette vie spirituelle.
Ils ne commettront surtout pas l'erreur de croire que ce changement peut s'opérer par un mécanisme et des institutions extérieurs; ils sauront et n'oublieront jamais qu'il doit être vécu intérieurement et par chaque homme, sinon il ne deviendra jamais une réalité pour l'espèce. Ils accepteront en son sens le plus profond la vision intérieure de l'Orient qui enjoint à l'homme de chercher en lui-même le secret de sa destinée et de son salut, mais ils reconnaîtront aussi, tout en lui donnant une tournure différente, l'importance qu'à juste titre l'Occident attache à la vie et à cette règle générale de l’existence: faire au mieux de se connaissances et de ses capacités. Ils ne feront pas de la société une vague toile de fond pour un petit nombre de figures spirituelles lumineuses, ni une plante rigidement clôturée, prisonnière de la terre, dont le seul rôle est de produire la fleur stérile et relativement rare d'une spiritualité ascétique. Ils n'accepteront pas la théorie selon laquelle la masse doit obligatoirement et pour toujours demeurer aux échelons inférieurs de la vie, tandis que le seul petit nombre peut s'élever à l'air libre et à la lumière; au contraire, leur attitude sera celle des grands esprits qui ont lutté pour régénéré la vie terrestre et qui ont gardé leur foi en dépit de tous les échecs précédents. Les échecs sont nécessairement nombreux au commencement de toute grande et difficile tentative, mais vient un moment ou l'expérience des échecs passés peut être mise à profit et où cèdent les portes qui avaient longtemps résisté. Ici, comme dans toutes les grandes entreprises humaines, une déclaration a priori d'impossibilité est un signe d'ignorance et de faiblesse; la devise de l'aspirant qui cherche doit être le solvitur ambulando de l'inventeur: c'est en allant de l'avant que la difficulté se résout. Un vrai commencement doit avoir lieu; le reste est l'oeuvre du temps avec ses accomplissements soudains ou son long et patient labeur.
  L'entreprise est aussi vaste que la vie humaine, et par conséquent les individus qui montrent le chemin prendront la vie humaine entière comme champ d'action. Ces pionniers considéreront que rien ne leur est étranger, rien n'est  en dehors de leur domaine. Car toutes les parties de la vie humaine doivent être embrassées par l'Esprit; non seulement la vie intellectuelle, esthétique, éthique, mais aussi la vie dynamique, vitale et physique, et, par suite, ils n'auront de mépris ni d'aversion pour aucun des niveaux de notre être ni aucune des activités qui en jaillissent, mais ils insisteront sur un changement dans l'esprit et une transmutation de la forme. Dans chaque pouvoir de notre nature, ils chercheront le moyen de conversion qui lui est propre, et, sachant que le Divin est caché en tout, ils auront la certitude que tout peut devenir un moyen de découverte de l'esprit et tout peut se convertir en un instrument de l'existence divine. Et ils verront surtout la grande nécessité de convertir notre mental normal en un mental spirituel, puis d'ouvrir celui-ci à ses étendues supérieures et à son mouvement de plus en plus intégral. Car, pour que le changement décisif puisse s'accomplir, il faut que la raison intellectuelle trébuchante se convertisse en une intuition précise et lumineuse, puis que celle-ci à son tour s'élève aux régions supérieures, au surmental et au supramental ou gnose. La volonté mentale, faillible et vacillante, doit parvenir à la sûreté de la volonté intuitive et accéder à une volonté supérieure, divine et gnos­tique. La douceur psychique, le feu et la lumière de l'âme derrière le coeur, hridayé gouhdyâm, doivent transmuer nos émotions grossières et les égoïsmes endurcis et les désirs criards de notre nature vitale. Toutes les autres parties de notre être doivent subir une conversion analogue et passer sous la contrainte de la force et de la lumière d'en haut. Les guides de la marche spirituelle partiront de la connaissance et des moyens que l'effort du passé a révélés sur cette voie; ils s'en serviront, mais ils ne les prendront pas tels qu'ils sont sans un profond changement néces­saire ni ne se limiteront à ce qui est maintenant connu, ni ne s'accrocheront fidèlement à des systèmes fixes et stéréotypés ou à des combinaisons de résul­tats donnés; ils suivront la méthode de l'Esprit dans la Nature : une constante redécouverte, une for­mulation toujours nouvelle et une synthèse mentale toujours plus large, un puissant remodelage des valeurs profondes du passé, parce que la Vérité gran­dit toujours, s'élargit toujours et n'a pas encore été entièrement découverte ou pas suffisamment établie autrefois; telles sont les voies de l'Esprit vis-à-vis de nos accomplissements passés quand il marche vers la grandeur de l'avenir.
  Cette entreprise représente un suprême et difficile labeur, même pour l'individu, et combien plus encore pour l'espèce. Il se peut qu'une fois commencée, elle n'avance pas rapidement et n'atteigne même pas sa première étape décisive; il se peut qu'elle prenne de longs siècles d'effort avant d'arriver à naître avec quelque permanence. Mais ce n'est pas tout à fait inévitable, car les changements de ce genre dans la Nature semblent avoir pour principe une longue et obscure préparation suivie d'un rassemblement rapide, d'une précipitation des éléments dans une nouvelle naissance — une conversion brusque, une transformation qui fait figure de miracle par sa lu­mineuse instantanéité. Et même quand le premier changement décisif aura été effectué, il est certain que l'humanité tout entière ne sera pas capable de s'élever à ce niveau. Il ne peut manquer de se pro­duire une division entre ceux qui sont capables de vivre au niveau spirituel et ceux qui sont seulement capables de vivre dans la lumière qui en descend au niveau mental. Et en dessous aussi, il se pourrait qu'il reste une grande masse influencée d'en haut, mais pas encore prête pour la lumière. Mais, même cela, serait déjà une transformation, un commence­ment qui dépasserait de loin tout ce qui a été accom­pli jusqu'à présent. Cette hiérarchie n'impliquerait pas, cependant, comme dans notre existence vitale actuelle, une domination égoïste du moins développé par le plus, développé; au contraire, les aînés de la race guideraient leurs frères plus jeunes et travaille­raient sans cesse à les élever à un niveau spirituel plus haut et vers des horizons plus vastes. Et pour les guides aussi, l'ascension aux premiers niveaux spiri­tuels ne serait pas la fin de la marche divine, pas un sommet qui ne laisse plus rien à accomplir sur la terre. Des niveaux plus élevés encore restent à découvrir au sein du monde supramental, ainsi que le savaient les anciens poètes védiques "qui parlaient de la vie spirituelle comme d'une ascension constante:


"Ô Toi aux cent pouvoirs, les prêtres du Mot T'escaladent comme une échelle. Tandis que l'on monte de cime en cime, apparaît tout ce qui reste à faire¹."

Mais une fois la base assurée, le reste se révèle et s'épanouit progressivement —l'âme est sûre de son chemin. C'est ce qu'exprimaient encore les anciens chantres védiques:


"Un état naît d'un autre, une enveloppe après l'autre devient consciente de la connaissance. Sur les genoux de la Mère, l'âme Voit²."

Tel est du moins l'espoir le plus haut, le destin à possible qui s'offre à la vision humaine; et c'est cette possibilité que le progrès du mental humain semble sur le point de cultiver à nouveau. Si la lumière qui est en train de naître, grandit, si le nombre des indi­vidus qui cherchent à réaliser cette possibilité en eux-mêmes et dans le monde, s'accroît, et s'ils arrivent un peu plus près du vrai chemin, alors, l'Esprit qui est ici dans l'homme comme une divinité maintenant ca­chée, comme une lumière et un pouvoir en croissance, descendra plus pleinement dans l'âme de l'humanité et dans les grandes individualités en qui la lumière et le pouvoir sont les plus intenses, et ce sera l'Ava­târ d'une Divinité d'en haut encore jamais vue ni jamais devinée. Alors, s'accomplira le changement qui prépare la transition de la vie humaine et de ses limites actuelles à des horizons plus larges et plus purs; l'évolution terrestre aura pris le grand élan ascendant dans la progression divine et accompli l'étape révélatrice, dont la naissance de l'homme pensant et aspirant au sein de la nature animale, n'était qu'une obscure préparation et une promesse lointaine.



¹Rig Véda 1.10.1,2.

         brahmânas twâ shatakratô
         oud vamsham iva yémire;

        yat sdnoh sânoum ârouhat,

        bhoûri aspashta kartwam.


²Rig Véda V.19.1.


       abhyavasthâh pra jâyanté,

   pra vavrer vavrish chikéta; 
  oupasthé mâtour si chasteté.


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