Toute la vie est un yoga. Par ce yoga intégral, nous ne cherchons pas seulement l'Infini: nous appelons l'Infini à se révéler lui-même dans la vie humaine. Sri Aurobindo SRI AUROBINDO - YOGA INTEGRAL: 2009

SRI AUROBINDO
. . YOGA INTÉGRAL


Les négations de Dieu sont aussi utiles pour nous que Ses affirmations. Sri Aurobindo
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C'est le Supramental qu'il nous faut faire descendre, manifester, réaliser.

SARVA BHUTESHU

Vivekananda a emprunté l'idée de servir l'humanité au christianisme-et aussi au bouddhisme.

Vivekananda et Ghandi l'ont puisée aux mêmes sources. Mais je ne comprend pas pourquoi ils parlent de servir uniquement l'humanité. Le bouddhisme, de même que le jaïnisme, englobe également les animaux dans son idée de service.

Cela dit, l'idée dominante du bouddhisme, c'est la
karunâ [compassion].

Les anciens sages étaient eux aussi moins exclusifs. Ils parlaient de
sarva bhûteshu, c'est-à-dire de tous les êtres, pas seulement des hommes.

SRI AUROBINDO

extrait des
ENTRETIENS AVEC SRI AUROBINDO,
de NIRODBARAN

Vanité de l'esprit de propagande

Propagande pour l’âshram. Je ne crois pas aux annonces si ce n'est pour des livres, etc., ni à la propa­gande, si ce n'est pour la politique et les spécialités pharma­ceutiques. Pour le travail sérieux, c'est un poison. Cela pro­voque ou bien une vague ou bien une sensation, et l'une et l'autre épuisent ce qu'elles portent sur leur crête, le laissent ensuite sans vie et brisé échouer sur la côte de nulle part — ou alors cela signifie un mouvement. Un « mouvement » dans le cas d'une œuvre comme la mienne signifie la fonda­tion d'une école ou d'une secte ou de quelque autre imbé­cillité. Cela veut dire que des centaines ou des milliers de gens inutiles s'y joignent, corrompent le travail ou le rédui­sent à une farce pompeuse, d'où la Vérité qui descendait se retire dans le secret et le silence. C'est ce qui s'est passé pour les « religions » et c'est la raison de leur échec. Si je tolère qu'on écrive un peu à mon sujet, c'est uniquement pour faire un contrepoids suffisant au chaos amorphe qu'est l'opinion publique, pour compenser l'hostilité que soulève toujours la présence d'une nouvelle Vérité dynami­que dans notre monde d'Ignorance, mais c'est là toute son utilité, et trop de publicité irait à l'encontre du but. Je vous assure que je suis tout à fait rationnel dans mes méthodes et que je n'agis pas par antipathie personnelle pour la célé­brité. Si la publicité sert la Vérité, et dans la mesure où elle le fait, je suis tout disposé à la tolérer, mais je ne trouve pas la publicité souhaitable pour elle-même.

Cette « philosophie contemporaine » britannique ou indienne me rappelle beaucoup l'industrie du livre, et bien que la « vulgarisation » (j'emploie le terme français) de la connaissance par l'industrie du livre puisse avoir son utilité, j'aime mieux faire du travail solide et laisser cela à d'autres. Vous pourrez dire que je peux écrire quelque chose de solide en philosophie et le laisser transformer en un livre. Mais même ce qui est solide tend à paraître paco­tille en de tels cas. En outre, mon travail solide pour le moment n'est pas de la philosophie, mais quelque chose de moins verbeux et de plus efficace. Si ce travail se fait, il se propagera dans la mesure où la propagation sera nécessaire, et s’il propagera dans la mesure où la propagation sera nécessaire, et s’il ne devait pas se faire, la propagation ne servirait à rien.

LETTRES SUR LE YOGA II (extrait)


LE MANTRA


KENA-UPANISHAD -Commentaires- (extrait).

L'Upanishad, renversant l'ordre accoutumé de notre pensée logique qui mettrait le Mental et les Sens, ou la Vie, d'abord, et la Parole à la fin comme fonction subor­donnée, commence sa description négative du Brahman par une explication de la saisissante formule « Verbe de notre parole ». Et il est visible que cette formule signifie : Parole au-delà de la nôtre, expression absolue de laquelle le langage humain n'est qu'une ombre et comme une artificielle contrefaçon. Quelle est l'idée qui sert de base à cette formule de l'Upanishad, à cette préséance donnée à la faculté de parler ?
Constamment, en étudiant les Upanishads, il nous faut nous dépouiller de certaines notions modernes et réaliser l'emploi des mots dans le plus ancien Védânta. Il nous faut nous rappeler que, dans le système védique, la Parole était la Créatrice ; par le Verbe Brahman crée les formes de l'univers. De plus, la parole humaine la plus haute ne fait que tenter de recouvrer, par la révélation et l'inspiration, une expression absolue de la Vérité qui déjà existe dans l'Infini au-dessus de notre compréhen­sion mentale. Il s'ensuit donc que ce Verbe doit être au-dessus de notre pouvoir de construction mentale.
Toute création est expression par le Verbe ; mais la forme qui est exprimée n'est qu'un symbole ou représen­tation de la chose qui est. Nous le voyons dans la parole humaine qui ne présente au mental qu'une forme men­tale de l'objet; mais l'objet qu'elle cherche à exprimer n'est lui-même qu'une forme ou représentation d'une autre Réalité. Cette Réalité est Brahman. Le Brahman exprime par le Verbe une forme ou représentation de Soi‑même dans les objets des sens et de la conscience qui constituent l'univers, exactement comme le mot humain exprime une image mentale de ces objets. Ce Verbe est créateur en un sens plus profond et plus originel que la parole humaine, et avec une puissance dont la plus haute créativité de la parole humaine ne peut donner qu'une analogie faible et lointaine.
Le mot employé ici pour désigner l'émission de la parole signifie littéralement « élévation pour mettre en face » du mental. Brahman, dit l'Upanishad, est ce qui ne peut pas être ainsi élevé devant le mental par la parole.
La parole humaine, comme on le voit, élève seulement la représentation d'une représentation, la figuration men­tale d'un objet qui est lui-même seulement une figura­tion de l'unique Réalité, Brahman. Elle a bien un pou­voir de création nouvelle, mais ce pouvoir même ne s'étend qu'à la création d'images mentales nouvelles, c'est-à-dire de formations complémentaires, basées sur des images mentales antérieures. Un pouvoir aussi limi­té ne donne aucune idée de la puissance créatrice originelle que les anciens penseurs attribuaient au Verbe divin.
Si cependant nous pénétrons un peu plus profondément sous la surface, nous atteindrons à une puissance dans la parole humaine qui, elle, nous donne une image lointaine du Verbe créateur originel. Nous savons qu'une vibra­tion sonore a le pouvoir de créer — et de détruire — des formes ; c'est un lieu commun de la science moderne. Supposons donc qu'à l'arrière-plan de toutes ces formes il y ait une vibration créatrice sonore.
Et maintenant examinons le rapport entre la parole humaine et le son en général. Nous voyons aussitôt que la parole n'est qu'une application particulière du prin­cipe du son, une vibration, produite par la pression du souffle en son passage à travers la gorge et la bouche. Au début, sans aucun doute, elle a dû être formée natu­rellement et spontanément pour exprimer les émotions créées par un objet, par un événement; ce n'est qu'en­suite que le mental s'en est emparé pour exprimer, d'abord l'idée de l'objet, puis des idées sur l'objet. Il semblerait donc que la valeur de la parole fût seulement représen­tative et non créatrice.
Or, de fait, la parole est créatrice. Elle crée des formes d'émotion, des images mentales, des impulsions d'action. La théorie et la pratique védiques anciennes accroissaient cette action créatrice de la parole par l'emploi du man­tra. La théorie du mantra est que c'est un mot de puissance né des profondeurs secrètes de notre être, où il a été couvé par une conscience plus profonde que la cons­cience mentale, formé dans le cœur et non point par l'intellect, tenu dans le mental, puis objet de la concen­tration de la conscience mentale éveillée, et enfin pro­jeté au-dehors silencieusement ou par la voix — le mot silencieux considéré comme plus puissant peut-être que le mot parlé — précisément pour un but de création. Le mantra peut non seulement créer en nous-même de nouveaux états subjectifs, modifier notre être psychique, révéler une connaissance et des facultés que nous ne possédions pas auparavant, il peut non seulement pro­duire des résultats semblables dans d'autres esprits que celui de qui le prononce, mais encore il peut produire dans l'atmosphère vitale et mentale des vibrations qui ont pour résultats des effets, des actions et même l'appa­rition de formes matérielles sur le plan physique.
De fait, même ordinairement, même chaque jour, à chaque heure, nous produisons, par la parole en nous, des vibrations-pensées, des formes-pensées qui ont pour résultats des vibrations correspondantes vitales et phy­siques, agissent sur nous, agissent sur autrui, et finissent par créer indirectement des actions et des formes dans le monde physique. L'homme agit constamment sur l'hom­me à la fois par le mot silencieux et par le mot parlé, et il agit et crée de la même façon, quoique moins direc­tement et moins puissamment, même dans le reste de la Nature. Mais, parce que nous sommes stupidement absor­bés par les formes extérieures et les phénomènes du mon­de et que nous ne prenons pas la peine d'examiner ses processus subtils et non physiques, nous demeurons ignorants de tout ce champ de science qui est derrière le voile.
L'emploi védique du mantra n'est qu'une utilisation consciente de cette puissance secrète du Verbe. Et si nous considérons la théorie qui en est la base en même temps que notre hypothèse antérieure d'une vibration de son créatrice derrière toute formation, nous commencerons à comprendre l'idée des vibrations de son originelles pro­ductrices de formes correspondantes ou de changements de formes. Mais, selon la pensée antique, la matière n'est que le plus bas des plans d'existence. Comprenons alors qu'une vibration de son sur le plan matériel présuppose sur le plan vital une vibration correspondante sans la­quelle elle n'aurait pu entrer en jeu; celle-là présuppose à son tour une vibration causale correspondante sur le plan mental ; le mental présuppose une vibration causale correspondante dans le supramental à la racine même des choses. Mais une vibration mentale implique la pensée et la perception, et une vibration supramentale implique une vision et un discernement suprêmes. Toute vibration de son sur ce plan supérieur comporte donc ce suprême discernement d'une vérité dans les choses, et en est aussi l'expression ; elle est en même temps créatrice, et comporte une suprême puissance qui coule en des formes la vérité discernée; et enfin, descen­dant de plan en plan, elle reproduit cette vérité dans la forme physique ou l'objet créé dans la matière par le son Nous voyons ainsi que la théorie de la création par le Verbe qui est l'expression absolue de la Vérité, et la théorie de la création matérielle par la vibration de son dans l'éther se correspondent et sont deux pôles logiques de la même idée. Elles appartiennent toutes deux au même ancien système védique.
Voici donc le Verbe suprême, Parole de notre parole. C'est la vibration de pure Existence, chargée de la puissance de perception et de création de la conscience, infinie et omnipotente, recevant du Mental qui est derrière le mental sa forme de mot inévitable de la Vérité des choses ; de toute substance et sur tout plan, la forme ou expression physique émerge de par son mécanisme créateur. Le Supramental employant le Verbe est le Logos créateur.
Le Verbe a ses sons-semences — suggérant la syllabe éternelle du Véda, AUM , et les sons-semences des tantristes — qui portent en eux les principes des chose a ses formes qui sont à l'arrière-plan de la parole révélatrice et inspirée qui vient aux suprêmes facultés de l'homme, et ces formes déterminent les formes des choses dans l'univers : il a ses rythmes — car il n'est, point une vibration désordonnée, mais se déroule et se fond en de grandes mesures cosmiques — et selon le rythme sont déterminés la loi, l'arrangement, l'har­monie, les processus du monde qu'il construit. La vie elle-même est un rythme de Dieu.
Mais qu'est-ce donc dans le monde qui est exprimé on élevé devant la conscience par le Verbe ? Ce n'est pas le Brahman, mais des formes et des phénomènes du Brah­man. Brahman n'est pas exprimé, ne peut être exprimé par le Verbe ;'il n'emploie pas le Verbe pour s'exprimer Lui-même, mais il est connu à sa propre conscience de soi, et même les vérités, de Lui-même qui sont derrière les formes des choses cosmiques s'expriment toujours d'elles-mêmes à son éternelle vision. La parole crée, exprime, mais elle n'est elle-même qu'une création et une expression. Brahman n'est pas exprimé par la parole, mais la parole est elle-même exprimée par Brah­man.
Aussi ne sont-ce pas les événements et les phénomènes du monde qu'il nous faut adopter finalement comme objet de notre recherche, mais Cela qui développe de Soi-même le Verbe par la conscience pour que notre Volonté en fasse l'objet de sa recherche. En d'autres termes, l'Existence suprême qui est à l'origine de tout.
La parole humaine n'est qu'une expression seconde, et, à son plus haut degré, une ombre du Verbe divin et des sons-semences, des rythmes harmonieux, des formes de son révélatrices qui sont les mots omniscients et omnipo­tents de l'Éternel Penseur, Harmoniseur, Créateur. La parole la plus hautement inspirée à laquelle puisse atteindre le mental humain, le mot le plus inanalysa­blement expressif de la vérité suprême, la syllabe la plus puissante, le mantra le plus puissant, ne peuvent en être que la lointaine représentation.

 Sri Aurobindo, Trois Upanishads: Isha, Kena, Mundaka
KENA-UPANISHAD -Le mantra- (commentaire)


LE SECRET DU VÉDA

Quelques extraits du Secret du Véda de Sri Aurobindo 

Sur le plan historique, le Rig-Véda peut être considéré comme le témoignage d'un grand progrès effectué par l'humanité, grâce à des moyens spéciaux, à un moment donné de son évolution col­lective. D'un point de vue tant ésotérique qu'exotérique, c'est le Livre des ŒUVRES, du sacrifice intérieur et extérieur; c'est l'hymne de la bataille et de la victoire de l'esprit, tandis qu'il découvre et gravit les plans de pensée et d'expérience inaccessibles à l'homme naturellement plein d'animalité; c'est la glorification par l'homme de la Lumière, de la Puissance et de la Grâce divines à l'œuvre dans le mortel. Il ne cherche donc pas, loin s'en faut, à consigner les résultats d'une spéculation intellectuelle ou fantaisiste, ni ne renferme les dogmes d'une religion primitive. Seulement, à partir d'une communauté d'expérience et compte tenu de l'imperson­nalité de la connaissance reçue, se développent un corps fixe de notions constamment répétées et un discours symbolique fixe lui aussi qui, en ces débuts du langage humain, était sans doute la forme nécessaire que devaient prendre ces conceptions, parce que, seule capable, grâce à son réalisme et son pouvoir de suggestion mystique combinés, d'exprimer ce qui pour le mental ordinaire de la race demeurait inexprimable. Nous voyons en tout cas les mêmes notions se répéter d'hymne en hymne, usant constamment des mêmes termes et des mêmes images, et fréquemment des mêmes expressions, avec un mépris total pour toute recherche de l'originalité poétique ou toute exigence d'innovation dans la pensée et de hardiesse dans le langage. Ne recherchant ni l'élé­gance, ni la richesse ni la beauté esthétiques, ces poètes mystiques s'en tiennent à la forme consacrée, qui était devenue pour eux une sorte d'algèbre divine, transmettant les formules éternelles de la Connaissance aux générations successives d'initiés. 

Le Véda appartient donc à une époque fondatrice antérieure à nos philosophies intellectuelles. La pensée procédait alors par d'autres méthodes que celles adoptées par notre raisonnement logique et l'expression parlée autorisait des tournures que nos habitudes modernes jugeraient inadmissibles. Les plus sages se basaient alors sur l'expérience intérieure et sur les suggestions du mental intuitif, pour toute connaissance dépassant le cadre des perceptions ordinaires et des activités quotidiennes de l'humanité. Leur but était l'illumination, non la persuasion logique, leur idéal le voyant inspiré, non le raisonneur scrupuleux. La tradition in­dienne a fidèlement conservé cette perception de l'origine des Védas. Le Rishi n'était pas l'auteur particulier d'un hymne, mais le voyant — drasta — d'une vérité éternelle et d'une connaissance impersonnelle. Le langage du Véda lui-même est sruti, rythme non pas composé par l'intellect mais entendu, Verbe divin qui ar­rivait vibrant de l'Infini à celui qui s'était au préalable préparé à « écouter » intérieurement cette connaissance impersonnelle. Les termes eux-mêmes, drsti et sruti, la vue et l'ouïe, sont des expres­sions védiques; ceux-ci et d'autres de même nature désignent, dans la terminologie ésotérique des hymnes, la connaissance ré­vélatrice et le contenu de l'inspiration.
Le concept védique de révélation ne suggère rien de mira­culeux ou de surnaturel. Le Rishi qui employait ces facultés les avait acquises par un développement personnel progressif. La connaissance elle-même était un voyage et un aboutissement, ou une découverte et une conquête; la révélation ne venait qu'à la fin, la lumière était la récompense de la victoire finale. Le Véda reprend sans cesse cette image du voyage, de l'âme qui marche vers la Vérité. En chemin, elle s'élève à mesure qu'elle avance; son aspiration débouche sur des perspectives nouvelles de pou­voir et de lumière; elle conquiert par un effort héroïque ses pos­sessions spirituelles amplifiées.
Le texte du Véda en notre possession est resté inchangé depuis plus de deux mille ans. Il date, pour autant que nous le sachions, de cette grande période d'activité intellectuelle en Inde, contem­poraine de l'épanouissement grec mais antérieure à ses débuts, qui a fondé la culture et la civilisation consignées dans la litté­rature classique du pays. Il est impossible de dire si notre texte remonte à un passé plus lointain encore. Mais certaines consi­dérations nous autorisent à croire qu'il date de la plus haute antiquité. Un texte reproduisant fidèlement la moindre syllabe, le moindre accent, était quelque chose de suprêmement important pour les ritualistes védiques; car de cette exactitude scrupuleuse dépendait l'efficacité du sacrifice. On raconte par exemple dans les Brahmanes l'histoire de Tvashtri qui, accomplissant un sacri­fice pour se procurer quelqu'un qui vengerait son fils tué par Indra, obtint, du fait d'une erreur d'accent, non pas un assassin d'Indra mais quelqu'un dont Indra devait être le meurtrier. La fidélité prodigieuse de la mémoire des Indiens d'autrefois est également légendaire. Et le caractère sacré du texte interdisait toutes ces interpolations, altérations, révisions, modernisations, comme celles qui, dénaturant l'ancien poème épique des Kurus, nous valent la forme actuelle du Mahabharata. Il est par consé­quent fort probable que nous possédions, dans sa substance même, le Samhita de Vyasa, tel qu'il a été agencé par le grand sage et compilateur.
Nous avons donc à la base un texte que nous pouvons accepter en toute confiance et qui, même si nous l'estimons douteux ou défectueux par endroits, n'exige en aucun cas le travail de correction souvent débridé qu'appellent certains ouvrages classiques européens. Cela constitue, d'emblée, un avantage inestimable, fruit de l'antique et méticuleuse sagesse indienne envers laquelle nous ne saurions être trop reconnaissants.
LES THÉORIES MODERNES
La théorie moderne du Véda part du principe, emprunté à Sayana, que les Védas sont un recueil d'hymnes composés par une société archaïque, primitive et essentiellement barbare, ayant des conceptions morales et religieuses frustes, une structure sociale rudimentaire, et une vision du monde extérieur parfai­tement enfantine. Le ritualisme, qui pour Sayana faisait partie d'une connaissance divine et possédait une vertu mystérieuse, représentait aux yeux des érudits européens la codification d'an­ciens sacrifices propitiatoires, offerts par un peuple sauvage à des personnalités surhumaines imaginaires, que l'adoration ou le mépris rendait bienveillants ou malveillants. L'élément histo­rique admis par Sayana fut volontiers adopté et amplifié grâce à de nouvelles traductions, et la recherche avide d'indications éclairant l'histoire, les moeurs et les institutions primitives de ces races barbares, proposa de nouvelles explications aux allusions trouvées dans les hymnes. La dimension naturaliste a joué un rôle plus important encore. L'assimilation évidente des dieux védiques, dans leur comportement extérieur, à certains Pouvoirs de la Nature servit de point de départ à une étude comparative tirs mythologies aryennes; l'association plus contestable de cer­taines des divinités secondaires avec des Pouvoirs du Soleil, servit de principe général pour expliquer le système de constitution des mythes chez les primitifs; la Mythologie comparée s'enrichit pour sa part de nouvelles théories sur les mythes solaires et stel­laires. Vue sous cet angle, l'hymnologie védique finit par être interprétée comme une allégorie mi-superstitieuse mi-poétique de la Nature, comportant un élément astronomique important. Le reste est en partie de l'histoire contemporaine, en partie les codes et pratiques d'un ritualisme sacrificiel, non pas mystique, mais simplement primitif et superstitieux.
Une telle interprétation reflète parfaitement les théories scientifiques sur la culture humaine archaïque et son émergence récente à partir du pur sauvage, théories populaires tout au long du dix-neuvième siècle et qui prédominent encore aujourd'hui. Mais les progrès de notre connaissance ont considérablement ébranlé cette première et trop hâtive généralisation. Nous savons maintenant qu'il y a plusieurs milliers d'années des civilisations remarquables ont existé en Chine, en Égypte, en Chaldée, en Assyrie, et il est désormais généralement admis que la Grèce et l'Inde n'ignoraient pas, elles non plus, cette haute culture large­ment répandue en Asie et parmi les races méditerranéennes. Si les Indiens de l'époque védique échappent encore à cette révision de la connaissance, c'est parce que se perpétue la théorie d'où est partie l'érudition européenne, à savoir qu'ils appartenaient à la soi-disant race aryenne et se trouvaient culturellement au même niveau que les premiers Aryens grecs, celtes et germains, tels qu'ils nous apparaissent dans les poèmes homériques, les vieilles sagas norvégiennes et les témoignages des Romains sur les anciens Gaulois et Teutons. Ainsi naquit la théorie selon laquelle ces races aryennes étaient des barbares du Nord qui, partis de contrées plus froides, étaient venus envahir les vieilles et riches civilisations de l'Europe méditerranéenne et de l'Inde dravidienne.
Mais les indications dans le Véda sur lesquelles se fonde cette théorie d'une invasion aryenne récente sont très rares et leur sens douteux. Une invasion de ce type n'est jamais réellement men­tionnée. La distinction entre Aryen et non-Aryen, dont on s'est tant servi, paraît tenir, d'après l'ensemble des témoignages, à une différence culturelle plutôt que raciale¹. La langue des hymnes indique clairement que l'Aryen se reconnaît à un culte ou à une culture spirituelle spécifique — adoration de la Lumière et des pouvoirs de la Lumière et discipline de soi basée sur la culture de la « Vérité » et l'aspiration à l'« Immortalité », Ritam et Amritam. On ne fait jamais sérieusement allusion à la moindre différence raciale. On peut toujours supposer que la majorité (les peuples habitant l'Inde aujourd'hui descendent d'une race nouvelle venue de latitudes plus septentrionales, et peut-être même des régions arctiques, comme le soutient M. Tilak; mais rien dans le Véda, pas plus que dans le profil 2 ethnique actuel du pays, ne permet d'établir l'existence d'une telle invasion, à une époque proche de celle des hymnes védiques, ni la lente pénétra­tion, dans une péninsule dravidienne civilisée, d'une petite horde de barbares au teint clair.
1. On fait valoir que les Dasyus sont dépeints comme étant noirs de peau et sans nez, par opposition aux Aryens de teint clair et doté d'un grand nez. Mais la première distinction s'applique certainement aux Dieux, aryens et aux Pouvoirs Dasa, pris au sens de lumière et d'obscurité. Par ailleurs, le mot anâsah ne veut pas dire « sans nez »; même si c'était le cas, on ne pourrait nullement l'appliquer aux races dravidiennes; car le nez du Sud n'a rien à envier à n'importe quelle « protubérance aryenne » septentrionale.
2. En Inde, nous sommes depuis longtemps habitués à classer les ethnies lo­cales d'après leur langue, et connaissons surtout les spéculations de M. Risley, basées sur ces anciennes généralisations. Mais les progrès récents de l'ethnologie rejettent tous les critères linguistiques, leur préférant l'idée d'une race homogène unique occupant la péninsule indienne.
CELTES, ARYENS ET MYSTÈRES GRECO-ÉGYPTIENS
Rien ne permet en outre de conclure avec certitude, à partir des données que nous possédons, que les premières cultures aryennes à supposer que Celtes, Teutons, Grecs et Indiens partagent une même origine culturelle — aient été réellement sous-développées et barbares. Une certaine simplicité pure et noble dans leur vie quotidienne et son organisation, un certain souci de réalisme et une bonhomie joviale dans la conception des dieux qu'ils ado­raient et dans leurs rapports avec eux, distinguent le type aryen de celui de la civilisation égypto-chaldéenne plus somptueuse et matérialiste, et de ses religions solennelles et occultes. Mais un tel tempérament n'est pas incompatible avec une haute culture domestique. Au contraire, une multitude de signes contredisent la théorie ordinaire et confirment l'existence d'une grande tra­dition spirituelle. Les vieilles races celtiques ont certainement possédé quelques-unes des conceptions philosophiques les plus nobles et portent encore de nos jours la marque d'un dévelop­pement mystique et intuitif précoce, qui, pour produire des effets aussi durables, devait être fort ancien et très poussé. En Grèce, il est probable que le modèle hellène s'est constitué de la même façon sous l'effet des influences orphiques et éleusiniennes, et que la mythologie grecque, telle qu'elle nous a été transmise, avec son lot de suggestions psychologiques subtiles, est l'héri­tage de l'enseignement orphique. S'il se révélait que la civilisation indienne a été d'un bout à l'autre la continuation de tendances semées en nous par les ancêtres védiques, cela ne ferait donc que confirmer une tradition générale. La vitalité extraordinaire de ces premières cultures, qui déterminent encore chez nous les types principaux de l'homme moderne, les éléments essentiels de son tempérament, les tendances principales de sa réflexion, de son art et de sa religion, n'a pu provenir d'une sauvagerie primaire. Tout ceci est le résultat d'un développement préhistorique profond et puissant.
La mythologie comparée a déformé le sens des premières traditions de l'homme, en ignorant ce stade important du pro­grès humain. Elle a basé son interprétation sur une théorie selon laquelle rien n'existe entre, d'une part, le sauvage pri­mitif et, d'autre part, Platon ou les Upanishads. Elle a supposé que les religions initiales avaient pour origine l'étonnement de barbares qui, réalisant soudain qu'il existait, fait stupéfiant, des choses aussi étranges que l'aurore et la nuit et le soleil, ont tenté de les expliquer d'une façon grossière, barbare et imagée. Et, de cet émerveillement enfantin, nous sautons d'un bond aux théories profondes des philosophes grecs et des sages du Védanta. La mythologie comparée est la création d'hellénistes, interprétant des données non-helléniques selon une perspective basée elle-même sur une mécompréhension de la mentalité grecque. Un jeu ingénieux de l'imagination poé­tique plutôt qu'une patiente recherche scientifique lui a servi de méthode.
RACINES ARCTIQUES DES VÉDAS
M. Tilak; dans sa Patrie arctique des Védas, a accepté les conclusions générales des spécialistes occidentaux, mais en réexaminant les para­boles de l'Aurore et des vaches védiques, ainsi que les données astronomiques contenues dans les hymnes, a démontré que les races aryennes ont très probablement commencé leur migration depuis les régions arctiques au cours de la période glaciaire. Se démarquant avec plus d'audace encore, M.T. Paramasiva Aiyar a tenté de prouver que l'ensemble du Rig-Véda est une représen­tation imagée de phénomènes géologiques liés à la renaissance de notre planète, après son sommeil prolongé sous les glaces, pendant la même période de l'évolution terrestre. Il est difficile d'accepter globalement les raisonnements et les conclusions de M. Aiyar, mais il a du moins éclairé de façon originale le grand mythe védique d'Ahi Vritra et la débâcle des sept fleuves. Son explication est beaucoup plus vraisemblable et cohérente que celle de la théorie courante, que la langue des hymnes ne justifie pas. Associée au travail de M. Tilak, elle pourrait servir de point de départ à une interprétation exotérique nouvelle de l'antique Écriture, expliquant dans une large mesure ce qui demeure inex­plicable, et recréant pour nous, sinon son réel contexte matériel, du moins les origines concrètes de l'ancien monde aryen.
La troisième contribution indienne, de date moins récente, se rapproche davantage de mon propos actuel. C'est la tenta­tive remarquable de Swami Dayananda, fondateur de l'Arya Samaj, visant à refaire du Véda une Écriture religieuse vivante. Dayananda est parti d'un emploi très libre de la philologie indienne telle qu'il l'a découverte dans le Nirukta de Yaska. Lui-même grand spécialiste du sanskrit, il a traité ses matériaux avec une compétence et une originalité étonnantes. Particuliè­rement créative a été son exploitation d'un trait caractéristique de la langue sanskrite archaïque, que résume parfaitement une formule de Sayana, « la polysémie des racines ». Nous verrons que l'utilisation judicieuse de cette clef est d'une importance capitale pour comprendre la méthode particulière des Rishis védiques.

LES VÉDAS, SCIENCE DE L’ILLUMINATION
L'interprétation des hymnes offerte par Dayananda repose sur l'idée que les Védas sont la révélation complète d'une vérité re­ligieuse, éthique et scientifique. Leur doctrine est monothéiste, les dieux védiques décrivant, sous des noms divers, une Divinité unique, tout en témoignant eux-mêmes de Ses pouvoirs, dont nous constatons l'action dans la Nature; une juste compréhension du sens des Védas nous mènerait donc à toutes les vérités scientifiques, qui ont été découvertes par la recherche contemporaine.
Une telle théorie est, évidemment, difficile à démontrer. Le Rig-Véda lui-même, il est vrai, affirme (I-164-46) que les dieux ne sont que des appellations différentes de l'Être universel unique, qui dans Sa réalité propre transcende l'univers; le langage même des hymnes nous force cependant à voir dans les dieux non seulement des noms mais aussi des aspects, pouvoirs et incarnations multiples du Déva unique. Le monothéisme du Véda inclut aussi les perspectives moniste, panthéiste et même polythéiste sur le cosmos, et il n'a rien de commun avec les convictions tranchées et simplistes du théisme moderne. Ce n'est qu'en violentant le texte qu'on pourrait lui imposer de force un discours moins complexe.
Il est aussi vraisemblable que ces peuples avaient jadis une connaissance des sciences physiques beaucoup plus poussée qu'on ne veut bien l'admettre. Égyptiens et Chaldéens, nous le savons maintenant, avaient découvert une bonne partie de ce qui a été redécouvert depuis par la science moderne et une bonne partie également de ce qui reste encore à redécouvrir. Les Indiens étaient autrefois d'honnêtes, sinon d'excellents, astronomes et ont toujours été des médecins habiles; la médecine et la chimie hindoues ne semblent pas d'ailleurs avoir été importées. Il se peut qu'ils aient aussi maîtrisé, même très tôt, certaines autres disci­plines des sciences de la matière. Mais prétendre, comme le fait Swami Dayananda, que les découvertes scientifiques avaient at­teint un stade de perfection absolue sera extrêmement difficile à vérifier.
L'hypothèse suivant laquelle j'entends mener ma propre en­quête est que le Véda possède un double aspect et que ces deux aspects, bien qu'étroitement associés, doivent être traités séparé­ment. Les Rishis ont agencé la substance de leur pensée selon un système de valeurs parallèles, les mêmes divinités représentant simultanément des Pouvoirs subjectifs et objectifs de la Nature universelle, et ils ont réussi à le formuler en s'appuyant sur un discours ambivalent, où un même langage servait à la fois les deux aspects de leur culte. Le sens psychologique prédomine pourtant et il est plus fréquent, mieux intégré et plus cohérent. que le sens littéral. Le Véda est destiné avant tout à faciliter l'illu­mination et le développement spirituels. C'est par conséquent ce sens qui doit être rétabli en premier.
LE SACRIFICE VÉDIQUE
Le sacrifice védique comprend trois éléments — en omettant pour l'instant le dieu et le mantra —, ceux qui offrent, l'offrande et les fruits de l'offrande. Si le yajna représente l'action consa­crée aux dieux, le yajamàna, celui qui offre le sacrifice, devenait nécessairement l'auteur de l'action. Yajna, ce sont les œuvres, intérieures ou extérieures, yajamàna doit donc être l'âme ou la personnalité qui les accomplit. Mais il y avait aussi les prêtres of­ficiants, hotâ, rtvij, purohita, brahmâ, adhvaryu, etc. Quel rôle jouaient-ils dans le symbolisme ? Car dès lors que notre hypo­thèse reconnaît un sens symbolique au sacrifice, elle doit égale­ment reconnaître une valeur symbolique à chacun des éléments de la cérémonie. J'ai découvert qu'on parlait sans cesse des dieux comme de prêtres de l'offrande et, dans de nombreux passages, c'était clairement un pouvoir ou une énergie non humain qui présidait au sacrifice. Je me suis aperçu aussi que, partout dans le Véda, les composantes de notre personnalité sont elles-mêmes continuellement personnifiées. Je n'avais plus qu'à appliquer cette règle dans l'autre sens en supposant que la personne du prêtre dans l'image extérieure représentait, transposée aux acti­vités intérieures, un pouvoir ou une énergie non humain, ou un élément de notre personnalité. Restait à fixer le sens psycholo­gique des différentes fonctions des prêtres. Ici j'ai découvert que la langue même du Véda fournissait une clef grâce à des indica­tions et des soulignements, tels que l'emploi du terme purohita écrit en deux mots, au sens du représentant « mis en avant », et de fréquentes allusions au dieu Agni, symbolisant cette Volonté ou Force divine dans l'humanité qui se charge d'agir dans toute consécration des œuvres.
La signification des offrandes était plus difficile à cerner.
Même si, étant donnés son contexte, son emploi, son effet, ce que suggéraient ses synonymes, l'interprétation du vin de Soma allait de soi, que pouvait bien désigner dans le sacrifice le ghrtam, le beurre clarifié ? Le terme pourtant, tel qu'il est employé dans le Véda, nous imposait constamment sa propre signification symbolique. Que pouvait-on faire, par exemple, de ce beurre clarifié ruisselant du ciel, ou dégouttant des chevaux d'Indra, ou encore du mental ? Ce serait manifestement absurde et grotesque, à moins que l'utilisation très souple de ghrta au sens de beurre clarifié ne fût symbolique, si bien que, dans l'esprit du penseur, le sens premier était souvent, complètement ou partiellement, mis de côté. Rien n'empêchait naturellement de choisir la facilité en modifiant au besoin le sens des mots, de traduire ghrta tantôt par beurre et tantôt par eau, et manas tantôt par mental, tantôt par nourriture ou gâteau. Mais j'ai constaté que ghrta avait un rapport constant avec la pensée ou le mental, que le ciel dans le Véda symbolisait le mental, qu'Indra représentait la mentalité illuminée et ses deux chevaux les énergies doubles de cette men­talité, le Véda parlant même quelquefois ouvertement d'offrir aux dieux l'intellect, dhisana, comme du ghrta purifié, ghrtam na pùtam manisâm (I-110-6 et 111-2-1). Le mot ghrta peut aussi désigner, entre autres, une splendeur riche ou chaude. Tous les indices convergeant, je me sentis en droit d'attribuer un certain sens psychologique à l'image du beurre clarifié. Et je remarquai que la même règle et la même méthode pouvaient s'appliquer aux autres éléments du sacrifice.

LA CLEF DU VÉDA
Les gains du sacrifice étaient, semble-t-il, purement matériels — vaches, chevaux, or, progéniture, hommes, vigueur, victoire dans la bataille. Ici le problème se compliquait. Mais j'avais déjà constaté que la vache védique, animal excessivement énigmatique, n'appartenait pas à quelque troupeau terrestre. Le mot go signifie à la fois vache et lumière, et dans plusieurs passages il voulait évi­demment dire lumière, même quand l'image de la vache restait au premier plan. Ceci se voit clairement quand il s'agit des vaches du Soleil — le troupeau homérique d'Hélios — et des vaches de l'Aurore. Psychologiquement, la lumière matérielle pouvait fort bien servir à symboliser la connaissance, et notamment la connaissance divine. Mais comment faire pour vérifier et établir cette simple possibilité ? Je m'aperçus que dans certains passages de connotation strictement psychologique seule jurait l'allusion déplacée à cette vache physique. Indra est convié (I-4-1 à 4), lui le « Créateur de formes parfaites, à boire le vin de Soma; ce Lisant, il se remplit d'extase et dispense les vaches; c'est alors que nous pouvons atteindre à ses vraies pensées les plus intimes ou les plus fondamentales ; c'est alors que nous l'interrogeons et que son clair discernement nous procure notre bien le plus haut ». Il ne peut s'agir ici, bien évidemment, d'un troupeau de vaches ordinaires, comme ne s'explique pas, dans le contexte, le don d'une lumière matérielle. Dans ce cas précis, le symbolisme psychologique de la vache védique était établi dans mon esprit avec certitude. Je l'appliquai alors à d'autres passages où le mot figurait, et me rendis compte que cela donnait toujours au con­texte le sens le meilleur et la cohésion la plus parfaite.
La vache et le cheval, go et asva, sont constamment associés. Usha, l'Aurore, est appelée gomati- asvavati; à celui qui sacrifie l'Aurore apporte des chevaux et des vaches. Appliqué à l'aurore matérielle, gomati veut dire accompagnée par ou procurant les rayons de la lumière, et cela symbolise l'illumination naissante dans le mental humain. Par conséquent, asvavati- ne peut pas faire simplement allusion à l'animal physique; il doit avoir en même temps une signification psychologique. Une étude du cheval védique le confirma et j'en conclus que go et asva représentent les deux idées-sœurs de Lumière et Énergie, Conscience et Force qui, pour la mentalité védique et védantique, figuraient la forme double ou jumelée que prenaient toutes les activités de l'existence.
Il allait de soi, par conséquent, que les deux principaux fruits du sacrifice védique, les gains en vaches et en chevaux, symbo­lisaient respectivement la richesse de l'illumination mentale et l'abondance de l'énergie vitale. Les autres gains, continuellement associés à ces deux principaux résultats du karma, ou action, védique, devaient donc eux aussi admettre une lecture subjective. Il ne restait plus qu'à en déterminer la valeur exacte.
Le système des mondes et les fonctions des dieux constituent un autre aspect capital du symbolisme védique. Je trouvai l'ex­plication du symbolisme des mondes dans la conception védique des vyàhrtis, les trois mots symboliques du mantra, OM Bhur Bhuvah Svah, et dans la relation du quatrième Vyahriti, Mahas, avec le terme psychologique Ritam. Les Rishis parlent de trois divisions cosmiques, la Terre, l'Antariksha ou région médiane et le Ciel, Dyau; mais il existe aussi un Ciel plus vaste, Brihad Dyau, appelé encore le Large Monde, le Vaste, Brihat, et repré­senté quelquefois comme la Grande Eau, Maho Arnah. Ce Brihat est aussi appelé Ritam Brihat, ou se retrouve dans la formule ternaire Satyam Ritam Brihat. Et, puisque les trois mondes cor­respondent aux Vyahritis, ce quatrième monde du Vaste et de la Vérité semble correspondre au quatrième Vyahriti, mentionné dans les Upanishads, Mahas. Dans la conception puranique, à ces quatre mondes s'en ajoutent trois autres, Jana, Tapas et Satya, les trois mondes suprêmes de la cosmologie hindoue. Dans le Véda aussi existent trois mondes suprêmes, dont les noms ne sont pas donnés. Mais dans le système védantique et puranique, les sept mondes correspondent aux sept principes psychologiques ou modes d'existence, Sat, Cit, Ananda, Vijnana, Manas, Prana et Anna. Or Vijnana, principe central, principe de Mahas, le grand monde, est la Vérité des choses, identique au védique Ritam, qui est le principe de Brihat, le Vaste; et de même que dans le système puranique Mahas mène au-dessus à Jana, le monde de l'Ananda, de la Béatitude divine, de même dans le Véda Ritam, la Vérité, débouche plus haut sur Mayas, la Béatitude. Nous pouvons donc raisonnablement en déduire que les deux sys­tèmes sont identiques et que tous les deux reposent sur un même concept, celui des sept principes de la conscience subjective se formulant dans les sept mondes objectifs. Ce raisonnement me permit d'établir la correspondance entre les mondes védiques et les plans psychologiques de la conscience, et le système védique tout entier s'éclaira.
Tout cela étant acquis, le reste suivit naturellement et inévi­tablement. J'avais déjà constaté que l'idée centrale des Rishis védiques était la transition de l'âme humaine d'un état de mort à un état d'immortalité, en remplaçant la Fausseté par la Vérité, l'être divisé et limité par ce qui est intégral et infini. La Mort est l'état périssable de la Matière, où s'involuent Mental et Vie; l'Immortalité est un état d'être, de conscience et de béatitude infinis. Transcendant les deux firmaments, rodasi, le Ciel et la Terre, le mental et le corps, l'homme s'élève vers un infini de Vérité, Mahas, et donc vers la Béatitude divine. Tel est « le grand passage » découvert par les Ancêtres, les anciens Rishis.
Les dieux, remarquai-je, étaient perçus comme les enfants de la Lumière, fils d'Aditi, l'Infini; dans la description qu'on en donne, tous sans exception font grandir l'homme, lui procurent la lumière, déversent sur lui la plénitude des eaux, l'abondance des cieux, accroissent en lui la vérité, édifient les mondes divins, le protègent contre toutes les attaques et le guident vers le grand but, la félicité intégrale, la parfaite béatitude. Leurs activités, leurs épithètes, la signification psychologique des légendes où ils figuraient, les allusions trouvées dans les Upanishads et les Puranas, certaines explications complémentaires tirées de la mythologie grecque, firent apparaître leurs fonctions respectives. Les démons qui les combattaient sont tous, par contre, des pouvoirs de division et de limitation, Ceux qui accaparent, déchirent, dévorent, restreignent, s'interposent, séparent, pouvoirs qui, comme leurs noms l'indiquent, empêchent l'être de devenir un tout libre et unifié. Ces Vritras, Partis, Atris, Rakshasas, Sambara, Vala, Namuchi ne sont donc pas des rois et dieux dra­vidiens, comme voudrait le faire croire la mentalité actuelle et son sens exagéré de l'histoire; ils représentent une idée beaucoup plus ancienne, plus conforme aux préoccupations religieuses et éthiques de nos pères. Ils représentent la lutte entre les pouvoirs d'un Bien supérieur et ceux du désir inférieur; et cette conception du Rig-Véda, tout comme cette même dichotomie entre bien et mal, exprimée différemment, avec moins de subtilité psychologique, avec une tournure plus franchement éthique, dans les Ecritures des Zoroastriens, nos antiques voisins et parents, naquirent probablement d'une discipline originelle commune de la culture aryenne.
Enfin, je découvris que le symbolisme systématique du Véda imprégnait aussi les légendes traitant des dieux et de leurs rapp­orts avec les anciens voyants. Certains du moins de ces mythes ont pu avoir, et d'ailleurs très probablement avaient, une origine naturaliste et astronomique; mais dans ce cas, un symbolisme psychologique s'était ajouté à leur sens initial. Dès que le sens des symboles védiques est connu, le propos spirituel de ces légendes manifestement s'impose. Tous les éléments du Véda sont inextric­ablement liés entre eux et la nature même de ces compositions exige, une fois adopté un principe d'interprétation, de le pousser aussi loin que la raison nous y autorise. Des mains expertes ont habilement soudé leurs matériaux, et les traiter avec incompétence fait voler en éclats tout l'édifice de leur sens et de leur pensée cohérente.
Ainsi émergea dans mon esprit, comme surgi des anciens vers eux-mêmes, un Véda qui était de bout en bout l'Écriture d'une grande et vénérable religion, dotée déjà d'une discipline psycho­logique profonde — Écriture non pas confuse dans sa pensée ou primitive dans sa substance, ni un amalgame d'éléments hétéro­clites ou barbares, mais une, complète et sûre de son dessein et de sa signification, voilée il est vrai sous le couvert, tantôt épais, tantôt transparent, d'un sens concret autre, mais ne perdant jamais de vue, même un instant, le noble but spirituel qu'elle poursuivait. 
LE SANSKRIT VÉDIQUE
Le sanskrit védique correspond à un stade encore plus primitif dans le développement du langage. Sa structure même est moins figée que celle de n'importe quelle langue classique; il possède une multitude de formes et flexions grammaticales, il emploie les cas et les temps de façon fluide et vague, avec cependant une riche subtilité. Et, sur le plan psychologique, il ne s'est pas encore cristallisé, le moule rigide de la précision intellectuelle ne l'a pas complètement durci. Le Mot, pour le Rishi védique, demeure quelque chose de vivant, doté d'un pouvoir créateur, formateur. Ce n'est pas encore une convention symbolisant une idée, mais l'auteur et le concepteur même des idées. Il porte en lui le souvenir de ses racines, il est toujours conscient de sa propre histoire. Cette psychologie du Mot gouvernait le langage employé jadis par les Rishis. Quand en français nous utilisons les mots « loup » ou « vache », nous désignons par là simplement l'animal en question; nous ne savons pas pourquoi nous devons associer tel son particulier à tel concept, nous nous contentons perpétuer une coutume immémoriale du langage; et nous ne pouvons l'utiliser dans un autre sens ou but sans recourir à un artifice de style. Mais pour le Rishi védique, vrka désignait le déchireur et par conséquent, entre autres dénominations, un loup; dhenu signifiait l'éleveuse, la nourricière et par suite une vache. Mais le sens originel et général prédomine, le sens dérivé et particulier est secondaire. Aussi l'auteur de l'hymne pouvait-il se permettre d'employer avec une grande souplesse ces mots courants, tantôt mettant en avant l'image du loup ou de la vache, tantôt l'utilisant pour colorer le sens plus général, tantôt la conservant comme une simple convention symbolisant la notion psychologique envisagée par son esprit, tantôt perdant complètement l'image de vue. C'est sous cet angle — l'éclairage psychologique apporté par un langage archaïque — que nous devons considérer les figures spéciales du symbolisme védique, telles qu'elles étaient maniées par les Rishis, jusqu'à la plus ordi­naire et concrète en apparence. C'est de cette façon que sont employés des mots tels que ghrtam, le beurre clarifié, soma, le vin sacré, et quantité d'autres.
Par ailleurs, le cloisonnement opéré par la pensée entre les différents sens d'un même mot était beaucoup moins étanche que dans la langue moderne. En anglais, « fleet » (flotte) désignant un ensemble de navires et « fleet » signifiant vif sont deux mots distincts; le premier sens de « fleet » ne nous fait pas penser à la vitesse du mouvement du navire, pas plus que le second n'évoque l'image de navires glissant rapidement sur l'océan. Mais tel était précisément ce qui avait tendance à se produire dans l'emploi védique du langage. Bhaga, jouissance, et bhàga, part, n'étaient pas deux mots séparés pour la mentalité védique, mais un seul mot qui s'était spécialisé en deux usages différents. Il était par conséquent facile aux Rishis de l'employer dans l'un des deux sens, l'autre demeurant en retrait et nuançant la connotation apparente, ou même de l'utiliser dans les deux sens simulta­nément en cumulant pour ainsi dire les significations. Canas voulait dire nourriture, mais signifiait aussi plaisir, jouissance; le Rishi pouvait donc s'en servir pour suggérer dans l'esprit du seul profane la nourriture offerte aux dieux lors du sacrifice, tandis que pour l'initié, tout en évoquant l'image du vin de Soma, à la fois aliment des dieux et symbole védique de la félicité, le terme signifiait l'Ananda, la joie de la béatitude divine pénétrant dans la conscience physique.
Nous voyons partout un tel emploi du langage dominer la Parole des hymnes védiques. Ce fut le procédé par excellence dont les anciens Mystiques se sont servi pour surmonter la dif­ficulté de leur tâche. Agni, dans le culte ordinaire, peut avoir signifié simplement le dieu du feu védique, ou il peut avoir signifié le principe de la chaleur et de la lumière dans la Nature matérielle, ou chez le plus ignorant il peut avoir représenté seulement un personnage supra-humain, un des nombreux « dispensateurs de richesse », qui exaucent le désir humain. Comment suggérer, à ceux qui étaient capables d'une concep­tion plus profonde, les fonctions psychologiques du dieu ? Le mot lui-même remplissait cet office. Car Agni voulait dire le Fort, il signifiait le Brillant, ou même la Force, la Brillance. Ainsi, partout où il figurait, il pouvait aisément rappeler à l'initié l'idée de l'Énergie illuminée, qui édifie les mondes et qui exalte l'homme vers le Très-Haut, l'Accomplisseur du grand-œuvre, le Purohit du sacrifice humain.
Ou comment faire pour que l'auditeur garde à l'esprit que tous ces dieux sont des personnalités du Déva universel unique ? Les noms des dieux, par leur signification même, rappellent qu'ils ne sont que des épithètes, des caractérisations, des descriptions, non des appellations personnelles. Mitra seigneur de l'Amour et de l'Harmonie, Bhaga seigneur de la Joie, Surya seigneur de l'Illu­mination, Varuna seigneur du Vaste omniprésent et de la Pureté du Divin soutenant et perfectionnant le monde, sont tous des aspects du Déva. « L'Existant est Un, déclare le Rishi Dirghatamas, mais les sages L'expriment diversement; ils disent Indra, Mitra, Varuna, Agni; ils L'appellent Yama, Matarishvan » (I-164-46). L’initié, au printemps de la connaissance védique, n'avait nul besoin d'une déclaration si explicite. Les noms des dieux étaient pour lui suffisamment évocateurs et lui rappelaient cette grande vérité fondamentale dont il restait toujours conscient.
Mais par la suite, le procédé même utilisé par les Rishis mit en péril le maintien de la connaissance. Car le langage changea de caractère, rejeta sa souplesse première, abandonna les vieux sens familiers; le mot, diminué, rétréci, fut réduit à sa signification superficielle et concrète. Le vin ambrosiaque de l'Ananda dispa­rut de l'offrande matérielle; l'image du beurre clarifié n'évoqua plus qu'une vulgaire libation en l'honneur de divinités mytho­logiques, maîtresses du feu et du nuage et de la tempête, ayant pour seul dynamisme une énergie matérielle et pour seul éclat un vernis extérieur. L'esprit oublié, la lettre subsista; le symbole, le corps de la doctrine demeura, mais l'âme de la connaissance avait quitté son habitacle.

Sri Aurobindo, LE SECRET DU VEDA


SYMBOLES



Généralités

•Un symbole, tel que je le comprends, est la forme qui sur un plan représente une vérité d'un autre plan. Par exemple un drapeau est le symbole d'une nation... mais d'une façon générale, toutes les formes sont des symboles. Ce corps que nous avons est un symbole de notre être réel et toute chose est un symbole de quelque réalité plus haute. Il y a toutefois des symboles de différentes espèces :
1. Symboles conventionnels, tels que ceux que les rishis védiques formaient avec des objets pris dans leur milieu. La vache représentait la lumière parce que le même mot, go, signifiait à la fois rayon et vache, et parce que la vache était leur possession la plus précieuse dont dépendait leur vie et qui était toujours en danger d'être dérobée et cachée. Mais une fois qu'un tel symbole a été créé, il devient vivant, les rishis l'ont vitalisé et il est devenu partie de leur réalisation. Il est apparu dans leurs visions comme une image de lumière spirituelle. Le cheval aussi était un de leurs symboles favoris et plus facilement adaptable, car sa force et son énergie étaient bien évidentes.
2. Ce que nous pourrions appeler des symboles de vie, tels que ceux qui ne sont pas choisis artificiellement ou interprétés de manière consciente et délibérée, mais qui proviennent naturellement de notre vie quotidienne et se dégagent du milieu qui conditionne notre chemin de vie normal. Pour les anciens, la montagne était un symbole du chemin du yoga où se succèdent les différents sommets. Un voyage qui impliquait la traversée de rivières et le danger d'ennemis à l'affût, animaux ou humains, fournissait une idée analogue. Maintenant je suppose que nous pourrions comparer le yoga à un voyage en automobile ou en train.
3. Les symboles qui sont par eux-mêmes adéquats et qui ont un pouvoir propre. L'âkâsha ou espace éthéré est un symbole du Brahman éternel, infini, qui imprègne tout. Chez n'importe quel peuple il transmettrait la même signification. De même le soleil représente universellement la lumière supramentale, la gnose divine.
4. Les symboles mentaux, dont les nombres et les alphabets sont des exemples. Une fois qu'ils sont acceptés, eux aussi deviennent actifs et peuvent être utiles. Ainsi les figures géométriques ont été interprétées de di¬verses manières. Dans ma propre expérience, le carré symbolise le Supramental ; je ne saurais dire comment cela s'est produit. Quelqu'un ou quelque force peut l'avoir construit avant qu'il ait pénétré dans ma pensée. De même il y a diverses explications du triangle. Dans une position il peut signifier les trois plans inférieurs, dans une autre c'est le symbole des trois plans supérieurs ; aussi peut-on combiner les deux en un seul signe. Les anciens aimaient s'adonner à des spéculations analogues sur les nombres, mais leurs systèmes étaient surtout mentaux. Il est certainement vrai qu'il existe des réalités supra-mentales que nous pouvons traduire en formules mentales comme par exemple le karma, l'évolution psychique, etc. Mais ce sont pour ainsi dire des réalités infinies qui ne peuvent être limitées par ces formes symboliques, bien qu'elles puissent dans une certaine mesure être exprimées par elles. Elles pourraient tout aussi bien être exprimées par d'autres symboles, et le même symbole peut aussi exprimer beaucoup d'idées différentes.

• C'est de la nature de la vision symbolique qu'il dépend ou bien qu'elle soit uniquement représentative, représentant dans sa figuration la chose symbolisée à la vision et la nature intérieure (même si le mental extérieur n'a pas la compréhension, le mental intérieur peut en recevoir l'effet), ou bien qu'elle soit dynamique. Le symbole du soleil par exemple est généralement dynamique. De même, parmi les symboles dynamiques, certains peuvent simplement amener l'influence de la chose symbolisée, d'autres indiquent ce qui se fait mais n'est pas encore terminé, d'autres une expérience formatrice qui pénètre dans la conscience, d'autres une prévision de quelque chose qui peut arriver ou arrivera ou doit arriver bientôt. Il y en a qui ne sont pas simplement des symboles mais présentent des réalités aperçues par la vision sous un aspect symbolique.

• Le feu, les lumières, le soleil, la lune sont les symboles courants que la plupart des gens voient dans leur sâdhanâ. Ils indiquent le mouvement ou l'action des forces intérieures.

LUMIÈRES et COULEURS

• « Lumière » est un terme général. La lumière West pas la Connaissance, mais l'illumination qui vient d'en haut et qui libère l'être de l'obscurité des ténèbres. Mais cette lumière prend aussi des formes différentes, telles que la lumière blanche de la Mère, la lumière dorée de la Vérité, la lumière psychique carmin clair et rose. (Les adjectifs carmin clair et rose traduisent l'anglais pink et rose).


•Toutes les lumières indiquent une Force ou un Pouvoir. La tâche des Lumières et des Forces qu'elles représentent est d'agir dans leur descente sur la nature inférieure et de la transformer.

•Dire que toute lumière est bonne, c'est comme si vous disiez que toute eau est bonne, ou même que toute eau claire et transparente est bonne. Ce ne serait pas vrai.
•La lumière, c'est la lumière tout comme lumière que vous voyez, mais subtile ; elle clarifie conscience, opère en tant que force et rend connaissance possible.

• On voit souvent la Lumière devant soi, devant le centre de la vision, du mental et de la volonté intérieurs qui est dans le front entre les sourcils. Le soleil signifie la Lumière formée qui est celle de la Vérité divine ; la lumière stellaire est la même Lumière agissant comme Pou¬voir qui se répand sur la conscience ordinaire et que l'on voit dans la nuit de l'Ignorance. L'appel a fait descendre cette Lumière à flots dans l'être intérieur.

•Krishna a trois couleurs différentes : bleu diamant pâle, bleu lavande, bleu sombre, etc. Cela dépend du plan sur lequel il se manifeste.
Il y a un bleu qui est le mental supérieur ; un bleu plus foncé appartient au mental, la lumière de Krishna dans le mental.
Tous les bleus ne sont pas la lumière de Krishna.
Le bleu diamant est la lumière de Krishna dans le Sur-mental ; le bleu lavande est sa lumière dans le mental intuitif.
Le bleu est aussi la couleur de Râdhâ.

•L'expérience importante est celle du rayon blanc dans le coeur. La lumière blanche et l'illumination du coeur par la lumière est une chose de grande importance dans notre sâdhanâ.


• Quant au symbolisme exact des couleurs, il n'est pas toujours facile de le définir exactement parce qu'il n'est pas rigide et précis, mais complexe ; leur signification varie avec le domaine, les combinaisons, le caractère et les nuances de la couleur, le jeu des forces. Un certain jaune par exemple est pour beaucoup d'occultistes
censé représenter la buddhi, l'intellect, et il a souvent cette signification, mais s'il se présente dans un jeu de forces vitales on ne doit pas toujours l'interpréter dans ce sens, ce serait une explication trop rigide. Ici, tout ce que l'on peut dire, c'est que le bleu (ce bleu particulier que vous avez vu, pas n'importe quel bleu) indique la réaction à la Vérité ; le vert — ou ce vert-là — est généralement associé à la Vie avec une émanation généreuse d'action ou de force, souvent de force-vie émotive, et c'est probablement ce qu'il a indiqué en l'occurrence.
L'orange indique souvent un pouvoir occulte.
L'orange ou l'or rouge est supposé être la lumière du supramental dans le physique.

•La lumière verte peut signifier des choses différentes selon le contexte. Dans le vital émotif, c'est la couleur d'une certaine forme de générosité émotive ; dans le vital propre, c'est une activité vitale qui a derrière elle une abondance vitale ou une générosité vitale ; dans le physique vital il signifie une force de santé.

•La lumière verte est une force vitale, une force dynamique de vital émotif qui a le pouvoir de purifier, d'harmoniser ou de guérir.

•La couleur de la lumière psychique dépend de ce qu'elle manifeste, par exemple l'amour psychique est carmin clair ou rose, la pureté psychique est blanche, etc.

•Lorsque dans les visions les couleurs commencent à prendre des formes précises, c'est un signe qu'il se fait dans la conscience un travail dynamique de formation : un carré par exemple signifie qu'une création de quelque sorte est en cours dans quelque domaine de l'être ; le carré indique que la création doit être complète en elle-même ; le rectangle indique quelque chose de partiel et de préliminaire. Les vagues de couleur signifient une irruption dynamique de forces et, dans un tel contexte, l'étoile indique la promesse de l'être nouveau qui doit se former. La couleur bleue doit être ici la lumière de Krishna; aussi est-ce une création sous la pression de la conscience krishnaïque. Ce sont tous des symboles de ce qui se passe dans l'être intérieur, dans la conscience qui est par-derrière, et les résultats surgissent de temps à autre dans la conscience extérieure ou de surface sous la forme de sensations telles que la conscience d'amollissement et d'ouverture que vous avez eue, la dévotion, la joie, la paix, l'ânanda, etc. Lorsque l'ouverture est complète, il y a probabilité d'une conscience plus directe du travail qui s'effectue par-derrière jusqu'à ce que finalement il soit non plus en arrière, mais en avant de la nature.

•Le blanc est la couleur qui appartient à la lumière de la conscience de la Mère, Chit.

•La lumière blanche est celle de la force consciente pure d'où tout le reste découle.

•La lumière blanche est la lumière de la Mère. Partout où elle descend ou entre, elle apporte paix, pureté, silence et ouverture aux forces supérieures. Si elle vient au-dessous du nombril, cela signifie qu'elle travaille sur le vital intérieur.


•L'expérience importante est celle du rayon blanc dans le coeur ; la lumière blanche et l'illumination du coeur par la lumière sont, dans notre sâdhanâ, une chose de grande puissance.

•Le jaune est la couleur du mental qui devient toujours plus éclatant au fur et à mesure que l'on s'élève, jusqu'au moment où il rencontre la lumière dorée de la Vérité divine.

•La lumière rosée est celle de l'amour, de sorte que vous êtes probablement entré dans les mondes psychiques ou tout au moins dans l'un d'entre eux.

•Le rouge indique beaucoup de choses différentes qui dépendent de la nuance.

•Le feu blanc est le feu de l'aspiration le feu rouge est le feu du renoncement et du tapasya le feu bleu est le feu de la spiritualité et de la connaissance spirituelle qui purifie et dissipe l'Ignorance.

•La roue est le signe d'une action de Force (la nature de la force peut être indiquée par la nature du symbole), et puisqu'elle s'élevait elle devait représenter le feu de l'aspiration qui monte du vital (le centre du nombril) vers la Conscience supérieure au-dessus.

•La lumière rouge foncé est une lumière qui descend dans le physique pour le transformer. Elle est en rapport avec la lumière du soleil et la lumière dorée.

•Des fleurs rouges indiqueraient normalement une ouverture de la conscience dans le physique ou dans quelque partie du vital ; tout dépend de la nuance.

•Le Purusha rouge peut être le Pouvoir du vrai physique, le rouge étant la couleur du physique.

•Le rouge est la couleur du physique ; au contact de la lumière supérieure il devient rouge d'or.

•Le rouge d'or est la couleur du Supramental dans le physique.

•Le rouge d'or est la couleur de la lumière Physique supramentale, de sorte que ce rouge jaune peut indiquer un plan du surmental qui y est relié spécialement de plus près. La lumière rouge d'or a un fort pouvoir de transformation.

•La lumière dorée est celle de la Vérité divine sur des plans supérieurs.

•La lumière dorée est une lumière du Supramental, mais naturellement elle est modifiée dans le plan sur lequel elle opère. Elle devient lumière de Vérité dans le surmental, lumière de Vérité dans l'intuition.

•La lumière dorée signifie toujours la lumière de la Vérité, mais la nature de la vérité diffère selon le plan auquel elle appartient. La lumière, c'est la lumière de la Conscience-Vérité-Connaissance.

•La lumière dorée est celle du Supramental modifié (surmentalisé), c'est-à-dire la lumière du Supramental passant par le Surmental, l'Intuition, etc. et devenant dans chacune de ces choses la Lumière de Vérité. Lors¬qu'elle est rouge d'or, cela signifie la même lumière modifiée Physique-supramental, autrement dit, la lumière de la vérité divine dans le physique.

•La couleur dorée indique dans ce cas la force de Mahâkâlî, qui est la plus puissante pour travailler dans le corps.

•Le violet est la couleur de la lumière de la Compassion divine et aussi de la Grâce de Krishna. C'est aussi le rayonnement de la protection de Krishna. Le bleu est sa couleur spéciale et significative, la couleur de son aura quand il se manifeste, et c'est pourquoi on l'appelle Nîla Krishna. L'adjectif ne signifie pas que dans son corps physique il était bleu ou foncé.

•Le bleu est la couleur fondamentale de l'ânanda.

•Il y a beaucoup de bleus et il est difficile de dire quels sont ceux-là. D'habitude le bleu foncé est le mental supérieur, un bleu plus pâle est le mental illuminé ; le bleu blanchâtre est la lumière de Shrî Krishna.

•Le bleu pâle ordinaire est d'habitude la lumière du Mental illuminé ou de quelque chose appartenant à l'Intuition.

•Le « bleu pâle » est la couleur des gammes les plus hautes du mental jusqu'à l'intuition. Au-dessus il devient doré sous la Lumière supramentale.

•Le bleu pâle habituel est généralement la lumière du Mental illuminé ou de quelque chose de l'Intuition. Le bleu blanchâtre est la lumière de Shri Aurobindo ou la lumière de Krishna.

•La lumière verte est celle d'une énergie vitale dynamique (dans le travail).

VISIONS et RÊVES

Toutes les visions ont une signification d'un genre ou d'un autre. Ce pouvoir de vision est très impor­tant pour le yoga et ne devrait pas être rejeté bien que ce ne soit pas la chose la plus importante, car ce qui est le plus important, c'est la transformation de la conscience. Tous les autres pouvoirs, y compris celui-ci, de la vision, devraient être développés sans s'y attacher comme faisant partie du yoga et y contribuant.


Parfois une vision accompagne une expérience et en est en quelque sorte un rendement visuel ou bien l'accompagne, mais l'expérience est quelque chose de distinct.


La vision cosmique consiste à voir les mouve­ments universels ; elle n'a pas nécessairement quelque chose à voir avec le psychique. Elle peut se situer dans le mental universel, le vital universel, le physique universel,

n'importe où.

Qu'entendez-vous ici par vision psychique ? Vision intérieure signifie vision avec la vue intérieure par opposi­tion à la vision extérieure, la vue externe avec le mental de surface dans les yeux de surface. Dans la terminologie de notre yoga, psychique se rapporte uniquement à l'âme, à l'être psychique ; ce n'est pas comme dans le langage courant où lorsqu'on voit un fantôme on parle de « vi­sion psychique » ; pour nous c'est une vision intérieure ou la vision subtile, ce n'est pas une vision psychique.


Voir les parties internes du corps (de son propre corps) est un pouvoir yoguique qui est acquis par le Râja­Yoga et le Hatha-Yoga ; je suppose que ce pouvoir pour­rait s'étendre à la vision du corps des autres. Il y a aussi le sens des odeurs subtiles, et j'ai observé que parfois une de ces odeurs subsiste.


La flèche est le symbole de la force qui va vers son but.


L'arc-en-ciel est le signe de la paix et de la déli­vrance.


Les nuages sont symboles d'obscurité.


Si le rêve est symbolique, des dents qui tombent symbolisent la disparition d'habitudes mentales anciennes ou fixes qui appartiennent au mental physique.


Dans une vision ou une expérience onirique, on a la sensation d'être mort lorsque quelque chose dans l'être doit être réduit au silence et à une totale inactivité et cesser d'exister en tant que partie de la nature. Il peut S'agir d'une toute petite partie, mais comme durant le processus la conscience se concentre sur elle et lui identifie le but même de l'opération, ce que l'on éprouve, c'est : « Je suis mort ». Lorsque vous dites : « Je suis mort, maintenant il faut que je me lève et que j'aille » cela signifie simplement : « C'est fait, c'est terminé, je n'ai plus besoin de m'identifier avec cette partie ». Dans votre expérience, rien n'indique quelle était la chose dont il s'est agi.


La vision que vous avez eue symbolisait la cons­cience physique tournée vers l'extérieur qui était obscur­cie par les mouvements ordinaires (les nuages), tandis que de derrière l'ignorance humaine habituelle la spiritualité (la lune) répandait encore partout sa lumière. Le chien in­dique quelque chose dans le physique (la partie qui est fidèle, obéissante, etc.) qui attend patiemment l'arrivée de la Lumière.

Le feu que vous avez senti était le feu de la purification et vous avez eu chaud parce qu'il brûlait quelque résistance ; après que cette résistance a été consumée, il y a eu fraîcheur, paix, quiétude. Les voix et les sons et l'impression que X était présent indiquent une activité confuse du sens occulte dans le vital, qui n'entend pas les mêmes choses que le physique. Lorsque ce genre de phénomène se produit, il faut dans son être le rejeter paisiblement et cela disparaîtra. Il y a des gens qui s'y intéressent et cela leur amène beaucoup d'ennuis parce qu'ils prennent l'habitude d'entendre des voix, de voir et de sentir des choses qui ne sont qu'en partie ou parfois vraies, mais qui sont mêlées à beaucoup d'autres qui sont fausses et trompeuses. C'est une bonne chose qu'il y ait eu dans votre vital un élément pour rejeter ce qui se présentait ainsi.


•Les cloches, etc. que vous décrivez dans vos expériences étaient déjà mentionnées dès l'époque des Upanishads comme des signes qui accompagnent l'ouverture à une plus vaste conscience, brahmayyaktikarâni yoga. Si mes souvenirs sont exacts, vos étincelles figurent sur la même liste. On en parle très fréquemment dans la littérature yoguique. J'ai eu la même expérience des centaines de fois dans les débuts de ma sâdhanâ.

• Des sonneries de cloches et la vision de lumières et de couleurs sont autant de signes indiquant l'ouverture de la conscience intérieure, qui porte aussi avec elle une ouverture à des visions et des auditions de plans autres que le physique. Certaines de ces choses, comme des sonneries de cloches, des grillons, etc. semblent même aider à l'ouverture. Les Upanishads en parlent comme brahmavyaktikarâni yoga.
Les lumières représentent des forces ; parfois aussi une lumière formée comme celle que vous avez vue peut être la lumière d'un être du plan supraphysique.

•L'enfant signifie en général l'être psychique —nouveau-né en ce sens qu'il vient enfin à la surface. La couleur de l'étoffe voudrait dire que la santé intérieure ou extérieure ou les deux et les richesses spirituelles l'accompagnent.

•L'enfant (lorsqu'il ne signifie pas l'être psychique) est en général le symbole de quelque chose nouvelle¬ment né dans quelque partie de la conscience.

•Un rêve comme celui-ci au sujet d'un enfant (en particulier d'un nouveau-né) signifie généralement la naissance (ou l'éveil) de l'âme ou de l'être psychique dans la nature extérieure.

•La tête de mort est le symbole de l'asura (l'adversaire des Dieux) vaincu et tué par la Puissance divine.

•Le morceau de chair indique, dans l'être physique, quelque chose d'agité qui, de par son agitation et son irritabilité excessive, fait obstacle au plein déversement de l'ânanda. Devenu actif dans les rêves, il a été éliminé par la pression du psychique.

•Le lait est la Connaissance et le Pouvoir descendant de la Conscience divine.

•La montagne est le symbole de la conscience qui a pris corps, qui a la terre pour base, mais qui s'élève vers le Divin.

• La montagne représente les plans ascendants de la conscience supérieure.

•La montagne signifie toujours la pente ascendante de l'existence avec, pour objectif à atteindre au sommet, le Divin.

•L'image du voyage signifie toujours un mouve¬ment dans la vie ou un progrès dans la sâdhanâ.

•Le voyage dans le train est le passage d'une conscience à une autre.

•L'avion, le bateau et le train sont toujours les symboles d'un progrès rapide ou d'un mouvement en avant.

•Les gopîs ne sont pas des gens ordinaires au vrai sens du terme ; elles sont les incarnations d'une passion spirituelle extraordinaire par le degré extrême de leur amour, leur dévotion personnelle et leur don de soi sans réserves. Quiconque a ces qualités, si humble que soit sa situation à d'autres titres (connaissance, faculté de présentation, érudition, sainteté extérieure, etc.) peut facilement suivre Krishna et l'atteindre. Tel me paraît être le sens symbolique des gopîs. Il y a naturellement beaucoup d'autres significations ; celle-ci n'en est qu'une parmi les autres.

•Le sudarshana chakra symbolise l'action de la force de Shrî Krishna.

Patala signifie tout simplement le subconscient situé au-dessous de la Terre, la Terre étant le plan de la conscience physique.

•Quant au spectateur et aux circonvolutions du dragon, c'est l'image sino-japonaise de la force mondiale qui se déploie dans le cours de l'univers ; elle exprime l'attitude du témoin qui voit tout cela et qui observe dans son développement le déroulement du jeu de la divine lilâ. C'est cette attitude qui donne le plus grand calme, la plus grande paix, samatâ, en face de l'énigme du jeu cosmique. Cela ne signifie pas que l'action et le mouvement ne sont pas acceptés, mais qu'ils sont acceptés comme un fonctionnement divin conduisant à des fins que le mental ne peut pas toujours voir aussitôt, mais l'âme à travers tout devine son but suprême et ses directions cachées.
Naturellement il y a ensuite une expérience dans laquelle les deux côtés du Tout divin, Témoin et Joueur, s'unissent ; mais cet équilibre du spectateur vient d'abord et conduit à cette expérience plus pleine. Il donne l'équilibre, le calme, la compréhension croissante de l'âme et de la vie et de leurs significations plus profondes — sans quoi ne pourra pas venir la pleine expérience supramentale.


DIEUX

•C'est probablement le royaume de l'esprit créateur dynamique sur le plan mental suprême que vous avez vu comme monde de Pârvatî-Shankara.

•Je suppose que c'est l'image de Shrî Krishna comme Seigneur de l'amour et de l'ânanda divins — et sa flûte appelle l'être physique à s'éveiller des attachements au monde physique et à se tourner vers cet amour et cet ânanda.

•Mahâkâlî et Kâlî ne sont pas la même chose. Kâlî est une forme moindre. Sur les plans supérieurs Mahâkâlî apparaît en général avec la couleur dorée.

•Vous avez eu probablement une vision symbolique du Pouvoir de Ganesha, l'éliminateur d'obstacles, recevant la Force de la Mère. Parce que le travail de ce Pouvoir s'opérait en vous, vous avez eu le sentiment de vous identifier à Ganesha.

•Ganesha est, entre autres choses, la devatâ de la Connaissance spirituelle. Ainsi, au fur et à mesure que vous obtenez cette Connaissance, vous vous voyez, sous cette forme, identifié à Ganesha.

LES ASTRES

•Dans les différents plans, il y a différents soleils dont chacun a sa propre couleur. Mais au-dessus il y a aussi des soleils de même couleur, seulement plus brillants, dont ces soleils mineurs tirent leur lumière et leur pouvoir.

•Le soleil qui se lève à l'horizon est la lumière directe de la Vérité divine qui s'élève dans l'être ; le rayon qui se dirige vers le haut ouvre l'être à la Vérité puis¬qu'elle se trouve au-dessus du mental ; le rayon en face l'ouvre à ce que nous appelons la conscience cosmique, il se libère de la limitation physique, s'ouvre et prend conscience du mental universel, du physique universel, du vital universel. L'action sur le coeur était la pression exercée sur lui par ce Soleil pour effectuer l'ouverture directe afin que la conscience puisse devenir libre, vaste et entièrement en paix.

•La lune est le symbole de la spiritualité. Une lu¬ne d'or signifie un pouvoir de spiritualité plein de la lumière de la Vérité supérieure.

•Toutes ces expériences semblent indiquer un travail pour amener le pouvoir de la Vérité directe dans le Tout, du Surmental jusque dans le corps ; car c'est ce que la lumière du Soleil signifie, quel que soit le plan sur lequel elle se manifeste. Ce qu'impliquent exactement ce travail et ses effets pratiques ne peut être constaté que plus tard.

•Le soleil est la concentration ou la source de la lumière.

•Le soleil signifie la vérité intérieure.

•Le soleil est le symbole de la lumière de Vérité concentrée.

•Le soleil est la Lumière-Vérité divine sur quel¬que plan de conscience que ce soit. Je suppose que dans ce cas il indique la Vérité cosmique originelle.

•La lumière du soleil est la lumière de la Vérité même, quelque pouvoir de vérité que ce puisse être, tandis que les autres lumières proviennent de la vérité.

•La lumière du soleil est la lumière directe, de la Vérité ; lorsqu'elle est fondue dans le vital, elle prend une couleur mélangée (dans ce cas or et vert), tout comme dans le physique elle devient rouge doré ou, dans le mental, jaune d'or.

•L'aube signifie toujours une ouverture d'un genre ou d'un autre ; l'arrivée de quelque chose qui n'est pas encore tout à fait là.

•Le ciel est un symbole de la conscience mentale (ou psychique) ou de consciences autres, situées au-dessus du mental, par exemple le mental supérieur, l'intuition, le surmental, etc. Le ciel, comme l'éther, indique aussi l'infini.

•Le ciel bleu est celui du Mental supérieur, le plus proche des plans situés entre la mentalité humaine et le Supramental. La lune est ici le symbole de la spiritualité sur les plans mentaux. Le monde du Mental supérieur est au-dessus de ceux directement reliés à la conscience corporelle.

•La lune indique la spiritualité, parfois aussi l'ânanda spirituel.

•L'étoile signifie une création ou formation, ou la promesse ou puissance d'une création en formation.

L’EAU


•Sat, Chit, Ananda, le Supramental, le Mental, la Vie et la Matière sont les sept plans décrits dans les Védas, mais dans notre yoga on voit de nombreux ni¬veaux de conscience qui apparaissent comme des cieux ou encore comme des mers.

•La mer avec le soleil qui la surplombe est Ur, plan de conscience éclairé par la Vérité. Pénétrer dans ces rayons ne signifie plus tout simplement être éclairé par eux, mais commencer à devenir une partie de la Vérité dans son propre être conscient.

•La première mer est la conscience ordinaire, la seconde est la conscience supérieure au-dessus de laquelle se trouve le Soleil de Vérité.

•Votre rêve de la mer était parfaitement vrai. Au bout du compte l'orage et les vagues n'empêchent pas l'arrivée de l'état de grâce dans le sâdhak, et avec cet état l'arrivée de la grâce elle-même.

• Le fleuve représente quelque mouvement de la conscience. Ce sont là des images du plan vital.

•Votre vision de la neige est probablement un symbole de la conscience dans un état de pureté, de silence et de paix, comme un sol couvert de neige ; là une vie nouvelle (psychique, spirituelle, telle que l'indiquent les fleurs) apparaît à la place de l'ancienne vie mentale et vitale qui a été recouverte par ce manteau blanc de la neige.

•Lorsque l'eau symbolise un plan de conscience, elle s'étend sur une grande superficie ; une rivière ou un étang ne sont pas assez grands pour symboliser un plan.

•La pluie symbolise la descente de la Grâce ou de la conscience supérieure qui est la cause des richesses, de l'abondance spirituelle.

ANIMAUX

•L'oiseau est un symbole de l'âme individuelle.

•Le cygne représente l'âme libérée.


•Le cygne est un symbole de l'âme sur le plan supérieur.

•Le cygne est le symbole hindou de l'âme individuelle, de l'être central, de la partie divine tournée vers le Divin, dont elle descend et vers lequel elle monte.

•Le hamsa représente l'âme ou l'être. Toutes les parties deviennent autant de reflets de l'être originel, le Divin.

•Le hamsa est le symbole de l'être. A mesure qu'il s'élève il retrouve sa pureté originelle, jusqu'à devenir lumineux dans la Vérité suprême .

•Le paon est l'oiseau de la Victoire et Kârttikeya le chef des forces divines.

•Dans une vision, la chèvre est souvent le symbole de la concupiscence.

•Le taureau est un emblème de force et de vigueur. C'est aussi, dans les Védas, une image des Dieux, la puissance mâle dans la Nature. Le taureau est aussi le vâhana de Shiva. Ce peut être un rêve ou l'expérience de l'un quelconque de ces symboles. Ici c'est probablement un rêve.

• C'est tout à fait clair ; c'est l'image védique. Dans les Védas la Vache est la Lumière divine. La vache blanche est la conscience pure dans laquelle il y a la Lumière.

•Le veau blanc est le signe d'une conscience pure et claire (la vache ou le veau étant le symbole de la Lumière dans la conscience), quelque chose de psychique ou de spirituel qui vous semblait naturel, intime et inséparable de vous.

•Le lion indique la force et le courage, la vigueur et la puissance. Le vital inférieur n'a rien du lion.

•Le lion est l'attribut de la Déesse Dourgâ, l'aspect conquérant et protecteur de la Mère universelle.

•Le lion monté par Dourgâ est le symbole de la Conscience divine opérant à travers une force vitale-physique et émotive-vitale divinisée.

•Le cheval est Puissance, d'habitude Puissance de vie ; mais il peut aussi vouloir dire Puissance du mental ou tapas s'il est dynamique et mobile.

•Le cheval est toujours le symbole de la puissance ; ce doit être un pouvoir que vous essayiez d'attraper et de faire vôtre tandis qu'il essayait parfois de vous rejoindre, peut-être même de vous utiliser. C'est ce qui se produit dans le vital où se trouvent ces
mouvements incertains et insaisissables. La plate-forme élevée était évidemment le niveau d'une Conscience supérieure qui arrêtait ce mouvement fluctuant et rendait davantage possible le contrôle de la Puissance au fur et à mesure que ce mouvement s'éclaircissait, se stabilisait.

•L'éléphant est Force, parfois Force illuminée de Sagesse.

•Le serpent est le symbole d'énergie comme dans le symbole de la Kundalinî Shakti. Ici il s'agit de la Lumière et de la Force divines.

•Le serpent indique toujours une sorte d'énergie, le plus souvent mauvaise, mais il peut aussi indiquer quelque énergie lumineuse ou divine. Dans cette expérience, il s'agit de la montée d'une force, à partir du psychique vers le haut. Les autres détails ne sont pas clairs.

•Le serpent dans votre rêve est une force hostile, une force du mal. Lorsqu'on est un instrument des forces divines, on peut affronter et détruire ces forces hostiles et leur attaque devient inoffensive ou n'a que des résultats insignifiants.

•Le serpent avec un capuchon au-dessus de la tête indique généralement une siddhi future.

•Le serpent à six têtes est la Kundalinî Shakti, le pouvoir divin endormi dans le centre physique le plus bas et qui, éveillé par le yoga, monte dans la lumière à travers les centres qui s'ouvrent pour rencontrer le Divin dans le centre le plus élevé, et relier ainsi le manifesté au non-manifesté, l'Esprit à la Matière.

•Quand vous voyez un buffle qui se précipite sur vous et vous manque et que vous avez l'impression d'avoir échappé à un grand danger, c'est une transcription. Il s'est en fait produit quelque chose dont l'assaut manqué du buffle a été la transcription par votre mental ; le buffle représentait quelque force hostile.

•C'est le plan vital, probablement le psychique vital. C'est surtout là qu'apparaissent les êtres du monde vital avec des têtes ou des traits d'animal. Un être à corps humain avec un visage de chien représente une énergie sexuelle matérielle très grossière. Naturellement toutes ces énergies peuvent être transformées et cessent alors d'être sexuelles ; elles sont changées en une force matérielle de quelque sorte, tout comme la force séminale peut être transformée en ojas par le brahmacharya.

•L'âne est le symbole de l'inertie et d'une obstruction dans le corps. Le cheval est le symbole de la force ou de la puissance. Le tunnel d'eau doit être le physique vital et l'arche en est une sortie par laquelle l'âne peut devenir un cheval s'il peut le traverser ou plutôt être tiré à travers cette arche. En d'autres termes, l'inertie et l'obstruction dans le physique peuvent être transformées en Puissance et Force de Progrès.

•Le sanglier est la force et la véhémence rajasiques. Toutefois beaucoup dépend du contexte; ces apparitions ont aussi d'autres significations.

•Tout dépend de l'attitude du tigre. S'il est violent et hostile, ce peut être une forme d'une force adverse ; autrement c'est simplement un pouvoir de nature vitale qui peut être amical.

•Le chien indique généralement la fidélité, et s'il est jaune, ce serait la fidélité dans le mental envers le Divin ; mais il est difficile d'interpréter l'autre chien noir et blanc, c'est quelque chose dans le vital, mais la signification des taches noires n'est pas claire.
•Les oiseaux indiquent soit des puissances du mental soit des puissances de l'âme.

•La grue est le messager du bonheur.

•La grenouille est l'utilité modeste.

•Le poisson est toujours le mental vital en mou¬vement qui fait toutes sortes de formations.

•Dans les Upanishads, l'image de l'araignée est utilisée pour représenter le Brahman qui crée le monde hors de lui-même, demeure en lui et le retire en soi. Mais ce qui compte dans un symbole est ce qu'il signifie pour vous. Pour vous il peut signifier succès ou formations réussies.

•C'est en réponse à votre aspiration que la force de Mahâkâlî est descendue ; le serpent est l'Energie venant d'en haut qui œuvre dans le vital en réponse au serpent Kundalinî qui s'élève d'en bas.

•Les deux serpents entrelacés sont les deux canaux de l'épine dorsale à travers lesquels la Shakti monte et descend.

•Les scorpions et habituellement les serpents sont des symboles d'énergies nocives ; la nature vitale de la terre est pleine de ces énergies et c'est pourquoi la purification de la nature vitale extérieure de l'homme est si difficile ; c'est pourquoi il y a en lui tant de faux mouvements, tant de choses fausses qui se passent — parce que son vital est facilement ouvert à tous ces mouvements terrestres. Pour s'en débarrasser il faut que l'être intérieur S'éveille et croisse et que sa nature remplace la nature extérieure. Parfois les serpents indiquent simplement des énergies, pas des énergies nocives, mais le plus souvent c'est l'opposé.

VÉGÉTAUX

•L'arbre est le symbole du vital subconscient.

•Le lotus est le symbole de l'ouverture des centres à la lumière.

•Le lotus est soit la conscience rougissant de la couleur de l'Amour divin, soit le symbole de la Présence divine sur terre.

•L'ouverture des lotus dans votre expérience signifie, je suppose, l'ouverture de la vraie conscience vitale et physique dans laquelle l'être spirituel (le cygne) peut se manifester avec toutes les conséquences de cette ouverture.

•La fleur de lotus indique une conscience ouverte.

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