Toute la vie est un yoga. Par ce yoga intégral, nous ne cherchons pas seulement l'Infini: nous appelons l'Infini à se révéler lui-même dans la vie humaine. Sri Aurobindo L'unité de l'espèce humaine

SRI AUROBINDO
. . YOGA INTÉGRAL


Les négations de Dieu sont aussi utiles pour nous que Ses affirmations. Sri Aurobindo
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C'est le Supramental qu'il nous faut faire descendre, manifester, réaliser.

L'unité de l'espèce humaine




    En d'autres termes — et c'est la conclusion à laquelle nous arrivons —, il est possible d'édifier une unité précaire et tout à fait mécanique par des moyens politiques et administratifs, mais même si elle s'accomplit, l'unité de l'espèce humaine ne peut être viable et devenir réelle que si la religion de l'humanité, qui est à présent le plus haut idéal actif du genre humain, se spiritualise et devient la loi intérieure générale de la vie humaine.
    Une unité extérieure peut fort bien s'accomplir — et peut-être le temps n'en est-il pas loin, bien que ce ne soit nullement certain — parce qu'elle est l'aboutissement final et inévitable de la marche de la Nature dans la société humaine et que cette marche favorise des agrégats de plus en plus grands et ne peut manquer d'aboutir à une agrégation totale de l'humanité au sein d'un système international plus étroit.
    La marche de la Nature et ses moyens de réalisation dé­pendent de deux forces qui se combinent pour rendre inévitable l'agrégation plus grande. D'abord, nous avons le rapproche­ment croissant des intérêts communs, ou du moins l'entrelace­ment et la connexité des intérêts dans un champ de plus en plus large, qui font des anciennes divisions un obstacle et une cause de faiblesse, d'obstruction, de friction, et qui rendent le choc ou la collision créée par cette friction un calamité ruineuse pour tous, même pour le vainqueur qui doit payer un prix trop lourd pour le gain obtenu ; et même les gains escomptés deviennent de plus en plus difficiles à obtenir et le succès plus probléma­tique à mesure que la guerre se fait plus complexe et plus désastreuse. La prise de conscience grandissante de cette com­munauté ou cette connexité d'intérêts et la répugnance de plus en plus grande à affronter les conséquences d'une collision et d'un conflit ruineux, doivent nécessairement pousser les hommes à accueillir n'importe quel moyen susceptible de réduire les divisions qui engendrent de pareils désastres. Si ce mouvement de réduction des divisions reçoit un jour une forme définitive, ce sera le commencement d'une poussée conduisant à une union de plus en plus étroite. Si la Nature ne peut pas arriver à ses fins par ces moyens, si l'incohérence est trop grande pour que triomphe le mouvement d'unification, elle emploiera d'autres moyens, telles la guerre et la conquête, ou la domina­tion temporaire d'un État ou d'un empire puissant, ou encore la menace d'une domination de cette sorte afin d'obliger ceux qui se sentent menacés à adopter un système d'union plus étroit. Ce sont ces moyens-là et la force des nécessités extérieures que la Nature a employés pour créer les unités nationales et les em­pires nationaux ; et en dépit de certaines modifications dans les circonstances et le mode d'action, c'est au fond la même force et les mêmes moyens qu'elle est en train d'employer pour conduire le genre humain à une unification internationale.
    Mais en deuxième lieu, il existe aussi la force d'un sentiment unitif commun. Celui-ci peut agir de deux façons : survenir avant, comme une cause première ou auxiliaire, ou se produire après, comme un résultat qui cimente l'union. Dans le premier cas, le sentiment d'une unité plus vaste s'éveille parmi les unités qui étaient autrefois divisées et les pousse à chercher une forme d'union; alors, c'est surtout la force du sentiment et de l'idée qui effectue l'union ou qui vient secondairement en aide à d'autres événements et d'autres causes plus extérieures. Ob­servons que dans l'ancien temps, ce sentiment n'était pas très effectif, comme dans le cas des petits clans ou des nations régionales, et l'unité a dû normalement se faire sous la pression des circonstances extérieures, généralement les circonstances les plus grossières : la guerre et la conquête, la domination du plus puissant des belligérants ou des peuples voisins. Plus tard, la force du sentiment d'unité est devenue plus effective, soutenue comme elle l'était par une idée politique plus claire. Les grands agrégats nationaux se sont constitués par un simple acte de fédération ou d'union, bien que parfois cet acte ait dû être précédé d'une lutte commune pour la liberté ou d'une union de guerre contre un ennemi commun. Ainsi se sont unifiés les États-Unis, l'Italie, l'Allemagne et, plus pacifiquement, les fédé­rations de l'Australie et de l'Afrique du Sud. Mais en d'autres cas, particulièrement dans les premiers agrégats nationaux, le sentiment d'unité était en grande partie ou entièrement le ré­sultat d'une union formelle et extérieure ou mécanique. Mais en tout cas, que ce soit pour éveiller ce sentiment ou pour garantir sa croissance, le facteur psychologique est indispensable; sans lui, il ne peut y avoir d'union sûre ni durable. Son absence, c'est-à-dire l'incapacité de créer un sentiment d'unité ou de le rendre suffisamment vivant, naturel et vigoureux, a été la cause de la précarité des agrégats comme l'Autriche-Hongrie et du caractère éphémère des empires passés, et de même, à moins que les circonstances ne changent, elle causera probablement l'écroulement ou la désintégration des grands empires de nos jours.



Sri Aurobindo,
 L’IDÉAL DE L’UNITÉ HUMAINE

CHAPITRE XXXV, Résumé et conclusion

 

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