SRI AUROBINDO « Réponses » Textes groupés, traduits
et préfacés par Jean Herbert. Ed. Albin Michel. [Extraits des Lettres vol. 1à 6]
360. — Elle (l'âme) fait tout cela
(sa progression de vie en vie) de derrière un voile, ne montrant quelque chose
de son Moi divin que dans la mesure où le permet l'imperfection de l'être
instrumental. Mais il vient un moment où elle peut se préparer à sortir de
derrière le voile, à prendre la direction et à tourner toute la nature
instrumentale vers un accomplissement divin. C'est le commencement de la vraie vie
spirituelle. L'âme peut maintenant se rendre prête pour une évolution de
conscience manifestée plus haute que l'humain mental ; elle peut passer du
mental au spirituel, et à travers les degrés du spirituel à l'état supramental.
Jusque-là il n'y a pas de raison pour qu'elle cesse, de naître et en fait elle
ne le peut pas. Si, ayant atteint l'état spirituel, elle veut sortir de la
manifestation terrestre, elle peut le faire, mais il lui est aussi possible
d'aller à une manifestation plus haute dans la Connaissance et non dans l'Ignorance. [Lettres II, 405]
361. — Ce n'est pas l'esprit nu, mais l'être psychique qui va se reposer
sur le plan psychique jusqu'à ce qu'il soit rap pelé pour une autre vie. Il n'y
a donc pas besoin d'une force qui l'oblige à reprendre naissance. Il est, par
sa nature même, quelque chose que le Divin émane pour soutenir l'évolution et
il doit la soutenir jusqu'à ce que soit accompli le but du Divin dans son
évolution. [II, 405]
362. — Le mouvement de l'être
psychique qui laisse tomber les fourreaux extérieurs en se rendant au plan
psychique est le mouvement normal. [II, 410]
363. — Le choix de l'être psychique
au moment de la mort n'élabore pas la prochaine formation de personnalité, il
la fixe. Quand il entre dans le monde psychique, il commence à assimiler
l'essence de son expérience, et par cette assimilation se forme la personnalité
psychique future conformément à la fixation déjà faite. Lorsque cette assimilation
est terminée, il est prêt pour une nouvelle naissance ; mais les êtres moins
développés n'élaborent pas tout cela pour eux-mêmes, il y a des êtres et des
forces du monde supérieur qui s'en chargent. En outre, lorsque l'être psychique
vient à la naissance, il n'est pas certain que les forces du monde physique ne
se mettront pas en travers de la réalisation de ce qu'il voulait ; sa propre
nouvelle instrumentation peut ne pas être assez forte pour réussir, car il y a
ici interaction entre ses propres énergies et les forces cosmiques. Il peut y
avoir frustration, diversion, réalisation pareille beaucoup de choses peuvent
se produire. Tout cela n'est pas un mécanisme rigide, c'est le jeu de forces
complexes.
On peut ajouter toutefois qu'un être
psychique développé reste beaucoup plus conscient dans cette transition et en
fait beaucoup par lui-même. Le temps dépend aussi du développement et d'un
certain rythme de l'être : pour certains il y a renaissance pratiquement
immédiate, pour d'autres cela prend plus longtemps, pour d'autres cela peut
prendre des siècles. Mais là aussi, lorsque l'être psychique est suffisamment
développé, il est libre de choisir son propre rythme et ses propres
intervalles. Les théories ordinaires sont trop mécaniques, et il en est de même
de la conception de punya et de pâpa* et de leurs conséquences dans la vie
suivante. Il y a certainement des conséquences des énergies déployées dans une
vie passée, mais ce n'est pas selon ce principe assez enfantin. D'après la
théorie orthodoxe, les souffrances d'un homme bon dans cette vie-ci seraient
une preuve qu'il a été très méchant dans la vie passée, la réussite d'un homme
mauvais serait une preuve qu'il a été tout à fait angélique lors de sa dernière
visite sur terre, qu'il a fait de grandes semailles de' vertu et d'actions
méritoires pour ramasser cette récolte record de bonheur. C'est trop symétrique
pour être vrai. Le but de la naissance étant la croissance par expérience, les
réactions aux actions passées doivent être pour que l'homme apprenne et
grandisse et non pas de l'ordre des sucettes qu'on donnait aux bons élèves' de
la classe (dans la vie passée) et des fessées qu'on donnait aux mauvais. La
vraie sanction pour le bien et le mal n'est pas le bonheur pour l'un et le
malheur pour l'autre, mais que le bon nous conduit à une nature plus haute qui
finalement s'élèvera au-dessus de la souffrance et que le mal nous fait
descendre vers la nature inférieure qui reste toujours dans le cercle de la
souffrance et du mal. [II, 417 sq.]
364. — En passant à travers la série
de ses vies, l'être revêt diverses espèces de personnalités et traverse divers
genres d'expériences, mais en général il ne les emporte pas à la vie suivante.
Il y prend un nouveau mental, un nouveau vital et un nouveau corps. Les
capacités mentales, les occupations, les idiosyncrasies du mental et du vital
passés ne sont pas repris par le nouveau mental et le nouveau vital, excepté
dans la mesure où c'est utile pour la vie nouvelle.
On peut avoir la faculté d'expression
poétique dans une vie et dans la suivante ne pas avoir ce pouvoir ni aucun
intérêt pour la poésie. Par contre, des tendances inhibées ou manquées ou
imparfaitement développées peuvent apparaître dans la suivante. Il n'y aurait
donc rien de surprenant dans le contraste que vous relevez. L'essence des
expériences passées est conservée par l'être psychique, mais les formes de
l'expérience et de la personnalité ne le sont pas, excepté celles qui sont
nécessaires pour l'étape nouvelle dans le progrès de l'âme.
Dans le long cours de son expérience,
l'être peut permettre pendant un temps la recherche des plaisirs sensuels et
ensuite la rejeter et se tourner vers des choses plus hautes. Cela peut se
produire même dans le cours d'une existence, et a fortiori dans une deuxième
vie où ne sont pas transportées les anciennes personnalités. [Il, 406 sq.]
365. — En ce qui concerne l'étape à
laquelle l'âme qui revient renaître pénètre dans le corps nouveau, on ne peut pas
donner de règle, car les circonstances varient avec les individus. [II, 413]
366. — Après la mort il y a une période
dans laquelle on traverse le monde vital et l'on y vit quelque temps. C'est
seulement la première partie de ce transit qui peut être dangereuse ou
douloureuse ; dans le résidu on épuise dans un certain milieu le reste des
désirs et instincts vitaux que l'on avait dans le corps. Dès qu'on en est
fatigué et qu'on peut passer au-delà, le fourreau vital tombe et l'âme, au bout
du temps nécessaire pour se débarrasser de quelques survivances mentales,
passe dans un état de repos dans le monde psychique et y reste jusqu'à la vie
suivante sur terre. [II, 409]
367. — L'âme peut passer directement
au monde psychique, mais cela dépend de l'état de conscience au moment du
départ. Si à ce moment le psychique est en avant, le passage immédiat est tout
à fait possible. Cela ne dépend pas de l'acquisition d'une immortalité mentale
et vitale aussi bien que psychique ; ceux qui ont acquis cela auraient plutôt
la faculté de se mouvoir dans les différents mondes et même d'agir sur le monde
physique sans y être liés. Dans l'ensemble, on peut dire qu'il n'existe pas
pour ces choses de loi rigide unique ; de multiples variations sont possibles,
qui dépendent de la conscience, de ses énergies, ses tendances et ses
formations, bien qu'il existe un cadre et un dessein généraux dans lesquels
tout cela prend la place qui lui est réservée. [II, 411]
368. — L'état des âmes qui se
retirent dans le monde psychique est entièrement statique ; chacune d'elles se
retire en elle-même et n'a pas d'interaction avec les autres. Lorsqu'elles
sortent de leur extase, ces âmes sont prêtes à descendre dans une vie
nouvelle, mais en attendant elles n'agissent pas sur la vie terrestre. Il y a
d'autres êtres qui sont gardiens du monde psychique, mais ils ne s'occupent que
du monde psychique lui-même et du retour des âmes à la réincarnation ; ils ne
s'occupent pas de la terre. [II, 413]
369. — Lorsqu'elle a quitté le corps,
l'âme, après certaines expériences dans d'autres mondes, rejette sa personnalité
mentale et vitale, et va se reposer pour assimiler l'essence de son passé et se
préparer à une vie nouvelle. C'est cette préparation qui détermine les
circonstances de la naissance nouvelle et la guide dans la constitution d'une
personnalité nouvelle et le choix de ses matériaux. [II, 408]
370. — Ces paroles ne se rapportent
pas nécessairement à une naissance animale, mais il est exact qu'une croyance générale
de ce genre a existé, non seulement dans l'Inde, mais partout où l'on a cru à
la transmigration ou à la métempsycose. Lorsque Shakespeare parle du passage de
la grand-mère de quelqu'un dans un animal, il se réfère à la croyance de
Pythagore à la transmigration. Mais une fois (lue l'âme, l'être psychique, est
arrivé à la conscience Humaine, il ne peut pas plus retourner à la conscience
animale inférieure qu'il ne peut revenir dans un arbre ou un insecte éphémère.
Ce qui est vrai, c'est qu'une partie de l’énergie vitale ou de la conscience ou
nature instrumentale construite peut le
faire et le fait très fréquemment si elle est fortement attachée à quoi que ce
soit dans la vie terrestre. Cela peut aussi expliquer certains cas de
renaissance immédiate avec pleine mémoire dans des formes humaines. En i*(.1léral,
ce n'est que par développement yoguique ou par clairvoyance qu'on peut ramener
le souvenir exact des vies passées. [II, 419 sq.]
371. — Il peut y avoir ce qui semble
être des mouvements rétrogrades, mais ce ne sont que des mouvements en zigzag
; ce n'est pas une vraie rechute, c'est un retour à quelque chose qui n'a pas
été épuisé afin de pouvoir mieux progresser ensuite. L'âme ne retourne pas à
l'état animal, niais une partie de la personnalité vitale peut se détacher et
aller vers une naissance animale pour y épuiser ses tendances animales.
Il n'y a aucune vérité dans la
croyance populaire d'après laquelle l'avare devient un serpent. Ce sont des
superstitions romantiques populaires. [II, 409]
372. — Si le mental, la vie et le
corps lui-même étaient plus conscients et malléables, la mort ne serait pas
nécessaire. [II, 403]
373. — Être immunisé contre la mort
provenant d'autre chose que notre volonté de quitter le corps, être immunisé
contre la maladie, sont des choses qui ne peuvent être accomplies que par un
total changement de conscience, changement que chaque homme doit opérer en soi.
Il ne saurait y avoir d'immunité automatique sans cette réalisation. [II, 404]
374. — Il ne peut y avoir immortalité
dans le corps sans la supramentalisation : le pouvoir potentiel est présent
dans le force yoguique et les yogins peuvent vivre deux ou trois cents ans ou
plus, mais le principe réel ne peut en exister sans le Supramental.
La science elle-même croit qu'un jour
on pourra triompher de la mort par des moyens physiques, et ses raisonnements
sont parfaitement bons. Il n'y a pas de raison pour que la force supramentale
ne le fasse pas. Sur terre les formes ne durent pas (elles le font sur
d'autres plans) parce qu'elles sont trop rigides pour croître en exprimant le
progrès de l'esprit. Si elles deviennent suffisamment malléables pour ce
faire, il n'y a pas de raison qu'elles ne durent pas. [II, 403 sq.]
375. — C'est là une question très
délicate et très difficile à aborder et l'on ne peut guère y répondre en
quelques mots. En outre, il est impossible de donner une règle générale,
d'expliquer pourquoi il y a ces contacts intérieurs étroits suivis d'une
séparation physique après la mort. Dans chaque cas, il y a une différence et
pour dire ce qui était derrière la rencontre et la séparation des gens, il
faudrait les connaître et être au courant de l'histoire de leur âme. D'une
manière générale, une vie n'est qu'un bref épisode dans une longue histoire
d'évolution spirituelle où l'âme suit la courbe de la ligne fixée pour la terre
et traverse de nombreuses vies pour la parcourir complètement. C'est une
évolution hors de l'inconscience matérielle à la conscience et vers la conscience
divine, de l'ignorance à la connaissance divine, de l'obscurité à travers la
demi-lumière jusqu'à la
Lumière, de la mort à l'Immortalité, de la souffrance à la Béatitude divine.
La souffrance est due d'abord à
l'Ignorance, ensuite à la séparation de la conscience individuelle d'avec la
Conscience et l’Être divins, séparation créée par l'Ignorance. Lorsque cela
cesse, lorsqu'on vit dans le Divin et non plus dans notre moindre moi séparé,
alors seulement la souffrance peut cesser complètement.
Chaque âme suit son propre parcours
et lorsque leurs lignes se croisent, les âmes voyagent ensemble pendant un
temps, puis se séparent peut-être pour se retrouver de nouveau dans la suite —
pour se retrouver une fois de plus pour s'entraider d'une manière ou d'une
autre dans le voyage.
Quant à la période après la mort,
l'âme passe dans d'autres plans d'existence et y reste quelque temps jusqu'à ce
qu'elle atteigne le lieu de repos où elle séjournera jusqu'à ce qu'elle soit
prête pour une autre existence terrestre. C'est là la loi générale, mais quant
aux rapports entre âmes incarnées, c'est une question d'évolution personnelle des
deux âmes sur laquelle on ne peut rien dire de général, car c'est est
intimement lié à l'histoire de l'âme des deux personnes et il faudrait les
connaître personnellement. Voilà tout ce que je peux dire, mais je ne sais pas
si cela l'aidera beaucoup, car en général ces choses ne sont utiles que lorsqu'elles
pénètrent dans la conscience où elles deviennent non plus des idées mais des réalités.
Alors on ne s'afflige plus parce qu'on est entré dans la vérité et que la
vérité apporte le calme, la paix. [II, 423 sqq.]
376. — Le psychique n'abandonne pas
les fourreaux mentaux et autres (en dehors du physique) immédiatement après la
mort. On dit que, d'une façon générale, il lui faut trois ans pour se dégager
de la zone où l'on peut communiquer avec la terre, mais il peut y avoir des
cas où le passage est plus lent ou plus rapide. Le monde psychique ne communique
pas avec la terre, ou tout au moins pas de cette façon. Le fantôme ou l'esprit
qui apparaît à ces séances n'est pas l'être psychique. Ce qui vient à travers
le médium, c'est un mélange du subconscient du médium (j'emploie subconscient
au sens ordinaire et non au sens yoguique) et de celui des assistants, des
fourreaux vitaux abandonnés par les morts, ou peut-être occupés ou utilisés par
un esprit ou un être vital ou le mort lui-même dans son fourreau vital ou dans
quelque chose qu'il revêt pour cette occasion (mais c'est la partie vitale qui
communique), des élémentaux, des esprits du monde physique vital le plus bas près
de la terre, etc., etc. C'est pour la plus grande partie une effroyable
confusion, un méli-mélo de toutes sortes de choses qui viennent à travers un
médium de lumières grises et d'ombres « astrales ». Beaucoup de ceux qui
communiquent semblent être des gens qui sont tout juste entrés dans un monde
subtil où ils se sentent entourés par une édition revue et corrigée de la vie
terrestre et qui pensent que c'est là « l'autre monde » réel et définitif après
la terre, mais ce n'est qu'un prolongement optimiste des idées, des images et des
associations du plan humain. C'est ainsi que s'explique l'autre monde tel qu'il
est décrit par les « guides » spirites et les autres êtres qui apparaissent
dans ces séances. [II, 420 sq.]
377. — L'écriture automatique et les
séances spirites sont des choses très mêlées. Une partie vient du mental
subconscient du médium et une partie de celui des assistants. Mais il n'est
pas vrai qu'une imagination et une mémoire dramatisantes peuvent tout
expliquer. Il y a parfois des choses qu'aucun des assistants ne pouvait savoir
ou se rappeler ; il y a même parfois, bien que ce soit rare, des aperçus de l'avenir.
Mais en général ces séances, etc. vous mettent en rapports avec un monde très
bas de forces et d'êtres vitaux eux-mêmes obscurs, incohérents ou rusés, et il
est dangereux de s'associer à eux ou de se soumettre à leur influence.
Ouspensky et d'autres doivent avoir passé par ces expériences avec un esprit
trop « mathématique », qui sans doute leur servait de protection, mais les
empêchait d'arriver à rien de plus qu'une compréhension intellectuelle
superficielle, de ce qu'elles signifiaient. [II, 421 sq.]
378. — Dans le monde, chaque personne
suit sa propre ligne de destinée, qui est déterminée par sa propre nature et
ses actions ; le sens et la nécessité de ce qui se produit dans une vie
particulière ne peuvent être compris, excepté à la lumière du cours d'ensemble
de beaucoup de vies. Mais ceux qui peuvent passer derrière le mental et les
sentiments ordinaires et qui voient les choses dans leur ensemble peuvent
s'apercevoir que même les erreurs, les malheurs, les calamités sont des pas
faits dans le voyage : l'âme recueille de l'expérience lorsqu'elle les traverse
et les dépasse jusqu'à ce qu'elle soit mûre pour la transition qui l'emportera
au-delà de ces choses en une conscience plus haute et une vie plus haute.
Lorsqu'on arrive à ce croisement, on doit laisser derrière soi le vieux mental
et les vieux sentiments. On considère alors avec sympathie ceux qui sont
encore fixés dans les plaisirs et les chagrins du monde ordinaire, et toutes
les fois que c'est possible on les aide spirituellement, mais on n'a plus pour
eux de l'attachement. On comprend qu'ils sont conduits à travers tous les faux
pas et toutes leurs confiances vers la Puissance universelle qui surveille et soutient
leur existence afin de faire pour eux tout ce qui est pour le mieux. [II, 425
sq.]
379. — Observez que l'idée de la
renaissance et des circonstances de la vie nouvelle comme récompense ou punition
de punya ou pâpa constitue une idée humaine grossière de la « justice », idée
qui n'est absolument pas philosophique ni spirituelle et qui déforme la
véritable intention de la vie. La vie ici est une évolution, et l'âme croît par
l'expérience, élaborant par elle telle ou telle chose dans la nature, et s'il
y a souffrance, c'est aux fins de cette élaboration et non pas par suite d'un
jugement infligé par Dieu ou la
Loi cosmique sur les erreurs ou les faux pas — qui sont
inévitables dans l'Ignorance. [II, 414]
380. — Il y a beaucoup de gens qui
ont des souvenirs nets d'une vie passée. Mais l'éducation et l'atmosphère
détournent de cela, et ces souvenirs ne peuvent subsister et se développer ;
dans la plupart des cas ils meurent étouffés. Il faut observer par ailleurs que
ce que l'être psychique emporte avec lui et ramène, c'est généralement
l'essence des expériences qu'il a eues dans des vies passées et non les détails,
si bien que vous ne pouvez pas vous attendre à une mémoire analogue à celle que
vous avez de la vie actuelle. [II, 411]
381. — C'est seulement si l'âme
ramène une ou plusieurs personnalités passées comme partie de sa manifestation
présente qu'elle risque de se rappeler les détails de la vie passée.
Autrement ce souvenir ne peut venir que par yoga-drishti*. [II, 408 sq.]
382. — Lorsqu'il y a une nouvelle
naissance, on apporte de ses vies passées tout ce qui est nécessaire, mais
aussi on rassemble tout ce qui est nécessaire de la conscience terrestre, de
sorte qu'au fur et à mesure que l'on se développe on introduit également de
nouveaux éléments. [III, 489]
383. — La conscience n'est pas une
chose morte et mécanique que l'on peut sectionner de la sorte. L'influence héréditaire
crée une affinité, et une affinité est une chose qui va loin. Ce n'est que
lorsque la partie héréditaire est transformée que l'affinité cesse. [III, 489
sq.]
384. — Vous n'avez pas à vous
préoccuper de vos vies passées. [III, 489]
SRI AUROBINDO
*punya et pâpa : l’acte vertueux
et le péché
*yoga-drishti : la vision
yoguique