L'occasion est donnée à ces forces adverses lorsque le sâdhak,
dans le cours inévitable de la sâdhanâ, descend du plan mental ou du plan vital
supérieur à la conscience physique. Cela s'accompagne toujours d'un estompement
des premières expériences profondes et d'une descente à l'inertie obscure et
neutre qui est le fondement rocheux de la nature physique non rédimée. C'est là
que la lumière, la puissance et l'ânanda du Divin doivent descendre et tout transformer
en chassant pour toujours toute obscurité et toute inertie, et en y établissant
l'énergie rayonnante, la lumière parfaite et la béatitude immuable. C'est là
que se trouve toute la difficulté, et non pas dans le mental ou le vital
supérieur ; mais là aussi il doit y avoir victoire et création du monde
nouveau. Je ne veux pas vous cacher la difficulté de cette grande et formidable
transformation, ni la possibilité que vous puissiez avoir devant vous un
travail lent et ardu, mais ne voulez-vous vraiment pas y faire face et jouer
votre rôle dans la grande œuvre ? Voulez-vous rejeter la grandeur de cette
tentative pour suivre une impulsion irrationnelle, folle, vers quelque travail
du jour ou de l'heure plus excitant et pour lequel il n'y a aucun appel véritable
en aucune partie de votre nature ?
Sri Aurobindo, Lettres II, 349 sq.