La Mahâshakti, la Mère universelle, effectue tout ce que sa conscience transcendante transmet du Suprême et elle entre dans les mondes qu'elle a faits : sa présence les remplit et les soutient avec l'esprit divin, et avec la force et la félicité divines qui sustentent tout, et sans quoi ils ne pourraient pas exister. Ce que nous appelons la Nature, ou Prakriti, n'est que son aspect exécutif le plus extérieur. La Mahâshakti dispose et organise l'harmonie de ses forces et de ses procédés; elle contraint la Nature à ses opérations et se meut parmi elles, cachée ou manifestée en tout ce qui peut être vu, expérimenté ou mis dans le mouvement de la vie. Chacun des mondes n'est rien d'autre qu'un jeu de la Mahâshakti de ce système de mondes ou univers, et qui y réside, comme l'Âme et la Personnalité cosmiques de la Mère transcendante. Chacun est une chose qu'elle a vue dans sa vision, accueillie dans son cœur de beauté et de pouvoir et créée dans son Ânanda.
Mais il y a beaucoup de plans de sa création, beaucoup de pas de la Shakti divine. Au sommet de cette manifestation dont nous faisons partie, il y a les mondes d'existence, de conscience, de force et de félicité infinies, au-dessus desquels la Mère se tient comme le Pouvoir éternel dévoilé. Là, tous les êtres vivent et se meuvent dans une plénitude ineffable et une unité invariable, parce qu'elle les porte en sécurité dans ses bras, à jamais. Plus proches de nous sont les mondes d'une parfaite création supramentale dans lesquels la Mère est la Mahâshakti supramentale, un Pouvoir d'omnisciente Volonté et d'omnipotente Connaissance divines, toujours apparent dans ses œuvres infaillibles et spontanément parfaites dans chaque opération. Là, tous les mouvements sont des pas de la Vérité, tous les êtres sont des âmes, des pouvoirs et des corps de la Lumière divine, toutes les expériences, des mers, des flots et des vagues d'un Ananda absolu et intense. Mais les mondes où nous demeurons sont ceux de l'Ignorance, les mondes du mental, de la vie et du corps, séparés de leur source dans leur conscience, et dont la terre est un centre significatif et son évolution un mouvement décisif. Tout ceci aussi, avec son obscurité, ses luttes et ses imperfections, est supporté par la Mère universelle; ceci aussi est mû et conduit vers son but caché par la Mahâshakti.
La Mère, en tant que Mahâshakti de ce triple monde de l'Ignorance, se tient dans un plan intermédiaire entre la Lumière supramentale, la vie de Vérité, la création de Vérité, qui doit être amenée ici-bas et cette hiérarchie montante et descendante des plans de conscience qui, comme une échelle double, s'enfonce dans l'ignorance de la Matière et escalade à nouveau l'infinité de l'Esprit à travers l'épanouissement de la vie, de l'âme et de l'intellect. Déterminant tout ce qui sera en cet univers et dans l'évolution terrestre par ce qu'elle voit et sent et déverse d'elle-même, elle se tient là, au-dessus des dieux, et toutes ses Personnalités et tous ses Pouvoirs sont émis et placés devant elle pour l'action; elle projette leurs émanations dans ces mondes inférieurs pour intervenir, gouverner, combattre et conquérir, pour guider et accomplir leurs cycles, pour diriger les lignes d'action totales et individuelles de leurs forces. Ces émanations sont les nombreuses formes et personnalités divines dans lesquelles les hommes l'ont adorée sous des noms différents à travers les âges. Mais elle prépare aussi et forme par l'intermédiaire de ces Pouvoirs et de leurs émanations, l'esprit et le corps de ses vibhoûtis, de même qu'elle prépare et forme des esprits et des corps pour lesvibhoûtis de l’Ishwara, afin qu'elle puisse manifester, dans le monde physique et sous le masque de la conscience humaine, quelque rayon de son pouvoir, de sa qualité et de sa présence. Toutes les scènes du jeu terrestre ont été, comme dans un drame, organisées, conçues et jouées par elle avec les dieux cosmiques comme auxiliaires et elle-même comme un acteur voilé.
Non seulement la Mère gouverne tout d'en haut, mais elle descend dans ce triple univers inférieur. D'une manière impersonnelle toutes choses ici-bas, même les mouvements de l'Ignorance, sont elle-même en un pouvoir voilé, sont ses créations dans une substance amoindrie, sont le corps et la force de sa Nature; et elles existent parce que, mue par le fiat mystérieux du Suprême afin d'exécuter quelque chose qui était là-haut parmi les possibilités de l'Infini, elle a consenti au grand sacrifice et a revêtu, comme un masque, l'âme et les formes de l'Ignorance. Mais d'une manière personnelle aussi, elle a daigné descendre ici-bas dans l'Obscurité afin de pouvoir la conduire à la Lumière, dans le Mensonge et l'Erreur afin de les convertir à la Vérité, dans cette Mort afin de la changer en une Vie divinisée, dans la douleur du monde, sa souffrance et son chagrin obstinés pour y mettre fin par l'extase transformante de son sublime Ananda. Dans son profond et grand amour pour ses enfants, elle a consenti à revêtir le manteau de cette obscurité, condescendu à subir les attaques et les influences torturantes des pouvoirs de Ténèbres et de Mensonge, supporté de traverser le portail de cette naissance qui est une mort, pris sur elle les angoisses, les chagrins et les souffrances de la créature, car il semblait qu'ainsi seulement la création pouvait être élevée jusqu'à la Lumière, la joie et la Vérité, jusqu'à la Vie éternelle. C'est le grand sacrifice du Pourousha, mais bien plus profondément l'holocauste de Prakriti, le sacrifice de la Mère divine.
Sri Aurobindo, La Mère
Mais il y a beaucoup de plans de sa création, beaucoup de pas de la Shakti divine. Au sommet de cette manifestation dont nous faisons partie, il y a les mondes d'existence, de conscience, de force et de félicité infinies, au-dessus desquels la Mère se tient comme le Pouvoir éternel dévoilé. Là, tous les êtres vivent et se meuvent dans une plénitude ineffable et une unité invariable, parce qu'elle les porte en sécurité dans ses bras, à jamais. Plus proches de nous sont les mondes d'une parfaite création supramentale dans lesquels la Mère est la Mahâshakti supramentale, un Pouvoir d'omnisciente Volonté et d'omnipotente Connaissance divines, toujours apparent dans ses œuvres infaillibles et spontanément parfaites dans chaque opération. Là, tous les mouvements sont des pas de la Vérité, tous les êtres sont des âmes, des pouvoirs et des corps de la Lumière divine, toutes les expériences, des mers, des flots et des vagues d'un Ananda absolu et intense. Mais les mondes où nous demeurons sont ceux de l'Ignorance, les mondes du mental, de la vie et du corps, séparés de leur source dans leur conscience, et dont la terre est un centre significatif et son évolution un mouvement décisif. Tout ceci aussi, avec son obscurité, ses luttes et ses imperfections, est supporté par la Mère universelle; ceci aussi est mû et conduit vers son but caché par la Mahâshakti.
La Mère, en tant que Mahâshakti de ce triple monde de l'Ignorance, se tient dans un plan intermédiaire entre la Lumière supramentale, la vie de Vérité, la création de Vérité, qui doit être amenée ici-bas et cette hiérarchie montante et descendante des plans de conscience qui, comme une échelle double, s'enfonce dans l'ignorance de la Matière et escalade à nouveau l'infinité de l'Esprit à travers l'épanouissement de la vie, de l'âme et de l'intellect. Déterminant tout ce qui sera en cet univers et dans l'évolution terrestre par ce qu'elle voit et sent et déverse d'elle-même, elle se tient là, au-dessus des dieux, et toutes ses Personnalités et tous ses Pouvoirs sont émis et placés devant elle pour l'action; elle projette leurs émanations dans ces mondes inférieurs pour intervenir, gouverner, combattre et conquérir, pour guider et accomplir leurs cycles, pour diriger les lignes d'action totales et individuelles de leurs forces. Ces émanations sont les nombreuses formes et personnalités divines dans lesquelles les hommes l'ont adorée sous des noms différents à travers les âges. Mais elle prépare aussi et forme par l'intermédiaire de ces Pouvoirs et de leurs émanations, l'esprit et le corps de ses vibhoûtis, de même qu'elle prépare et forme des esprits et des corps pour lesvibhoûtis de l’Ishwara, afin qu'elle puisse manifester, dans le monde physique et sous le masque de la conscience humaine, quelque rayon de son pouvoir, de sa qualité et de sa présence. Toutes les scènes du jeu terrestre ont été, comme dans un drame, organisées, conçues et jouées par elle avec les dieux cosmiques comme auxiliaires et elle-même comme un acteur voilé.
Non seulement la Mère gouverne tout d'en haut, mais elle descend dans ce triple univers inférieur. D'une manière impersonnelle toutes choses ici-bas, même les mouvements de l'Ignorance, sont elle-même en un pouvoir voilé, sont ses créations dans une substance amoindrie, sont le corps et la force de sa Nature; et elles existent parce que, mue par le fiat mystérieux du Suprême afin d'exécuter quelque chose qui était là-haut parmi les possibilités de l'Infini, elle a consenti au grand sacrifice et a revêtu, comme un masque, l'âme et les formes de l'Ignorance. Mais d'une manière personnelle aussi, elle a daigné descendre ici-bas dans l'Obscurité afin de pouvoir la conduire à la Lumière, dans le Mensonge et l'Erreur afin de les convertir à la Vérité, dans cette Mort afin de la changer en une Vie divinisée, dans la douleur du monde, sa souffrance et son chagrin obstinés pour y mettre fin par l'extase transformante de son sublime Ananda. Dans son profond et grand amour pour ses enfants, elle a consenti à revêtir le manteau de cette obscurité, condescendu à subir les attaques et les influences torturantes des pouvoirs de Ténèbres et de Mensonge, supporté de traverser le portail de cette naissance qui est une mort, pris sur elle les angoisses, les chagrins et les souffrances de la créature, car il semblait qu'ainsi seulement la création pouvait être élevée jusqu'à la Lumière, la joie et la Vérité, jusqu'à la Vie éternelle. C'est le grand sacrifice du Pourousha, mais bien plus profondément l'holocauste de Prakriti, le sacrifice de la Mère divine.
Sri Aurobindo, La Mère
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