Soyez
sur vos gardes face à tout ce qui vous suggère de conserver ou de
ne pas lâcher une impureté ou une imperfection, une confusion dans
le mental, un attachement dans le cœur, un désir et une passion
dans le prâna ou une maladie dans le corps. L'un des artifices
habituels des forces hostiles consiste à faire durer ces choses
grâce à des justifications et des déguisements ingénieux.
Sri Aurobindo
Il faut être prêt à laisser derrière soi sur le chemin, non seulement
le mal que nous stigmatisons, mais aussi ce qui nous semble être bien, et qui,
pourtant, n'est pas le seul bien. Certaines choses furent bienfaisantes, utiles
et, peut-être, en un temps, parurent la seule chose désirable, et cependant,
lorsque leur œuvre est faite, lorsqu'elles ont été conquises, elles deviennent
des obstacles et même des forces hostiles si nous sommes appelés à avancer plus
loin. Certains états d'âme sont désirables, et, pourtant, il est dangereux de s'y attarder une fois
qu'ils ont été maîtrisés, parce que, alors, nous n'avançons plus vers les
royaumes de Dieu plus vastes par-delà. Il ne faut s'accrocher à rien, pas même
aux réalisations divines, si elles ne sont pas la réalisation divine en son
essence absolue et dans sa totalité extrême. Il ne faut s'arrêter à rien, sauf
au Tout ; nulle part, sauf à la suprême Transcendance. Et si nous pouvons être
ainsi libres en l'Esprit, nous découvrirons toute la merveille des œuvres de
Dieu ; nous verrons qu'en renonçant intérieurement à tout, nous n'avons rien
perdu. "Ayant tout abandonné, dit l'Écriture, tu en viens à jouir du
Tout." Car tout est gardé intact pour nous et nous est rendu, mais avec un
merveilleux changement, transfiguré en la Toute-Bonté et la Toute-Beauté, la Toute-Lumière, la Toute-Félicité de
Celui qui est à jamais pur et infini, car Il est le mystère et le miracle qui ne
cessent point à travers les âges.
Sri Aurobindo, in La Synthèse des yoga II, p56.
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