Ce n'est pas pour ma grandeur personnelle que je
cherche à faire descendre le Supramental. Je ne m'inquiète pas de grandeur ou
de petitesse au sens humain de ces mots. Je cherche à faire descendre dans la
conscience terrestre un principe de Vérité, de Lumière, d'Harmonie, de Paix
intérieures ; je le vois au-dessus et je sais ce qu'il est, je le sens qui
toujours rayonne d'en haut sur ma conscience et je cherche à lui permettre de
prendre l'être tout entier en sa propre puissance innée, au lieu que la nature
de l'homme continue de rester dans un état de demi-lumière et de
demi-obscurité...
Si des hommes plus grands que moi n'ont pas eu devant
eux cette vision et cet idéal, ce n'est pas une raison pour que je ne suive pas
mon sens de la Vérité et ma vision de la Vérité. Si la raison humaine me
considère comme fou d'essayer de faire ce que Krishna n'a pas essayé, cela
m'est complètement égal. En ceci, il ne s'agit ni d'X ni d'Y, ni de personne.
La question se pose entre le Divin et moi-même : si c'est ou non la Volonté divine,
si je suis chargé de faire descendre cela ou d'ouvrir le chemin pour que cela
descende, ou tout au moins de le rendre plus possible. Que tous les hommes se
moquent de moi s'ils le veulent, et que l'enfer tout entier tombe sur moi s'il
le veut pour mon orgueil — je continue jusqu'à ce que je conquière ou je meure.
C'est dans cet esprit que je cherche le Supramental ; je ne recherche la
grandeur ni pour moi ni pour les autres.
Sri Aurobindo, Lettres sur le yoga, II.
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