Nous,
hommes d'aujourd'hui, nous sommes au seuil d'une ère
nouvelle de développement qui doit conduire à une synthèse nouvelle
et plus vaste. Nous n'avons pas à être des védantistes orthodoxes de l'une des trois écoles, ni des tantriques, ni à nous
rattacher à l'une des religions théistes du passé, ni à nous
retrancher à l'intérieur des enseignements de la Gîtâ. Ce serait nous
limiter et vouloir créer notre vie spirituelle avec
l'être,
la connaissance et la nature d'autrui, d'hommes du passé, au
lieu de construire avec ce que nous sommes et ce qui est latent en
nous. Nous n'appartenons pas aux aurores du passé, mais aux midis de
l'avenir. Une masse d'éléments nouveaux se déverse en nous
; il nous faut, non seulement assimiler les influences des grandes
religions théistes de l'Inde et du monde, ainsi qu'un sens retrouvé de
ce que représente le Bouddhisme, mais aussi tenir
pleinement compte des révélations puissantes, quoique limitées, de
la science et des recherches modernes ; en outre, un passé lointain,
immémorial et qui paraissait mort, revient à nous avec tout
l'éclat de nombreux secrets lumineux depuis longtemps perdus pour la
conscience de l'humanité, et qui maintenant surgissent à nouveau de
derrière le voile. Tout cela nous annonce une nouvelle
synthèse, très riche et très vaste. Une harmonisation nouvelle et
compréhensive de nos acquisitions est, intellectuellement et
spirituellement, une nécessité de l'avenir. Et tout comme les
synthèses passées ont pris pour point de départ celles qui les ont
précédées, la synthèse de l'avenir doit aussi, pour avoir une base
solide, procéder de ce qu'ont donné les grandes sommes de
pensée et d'expérience spirituelles réalisées dans le passé. Parmi
elles, la Gîtâ occupe une place primordiale.
Sri Aurobindo,
introduction à la Bhagavad-Gîtâ
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