CELTES, ARYENS ET MYSTÈRES GRECO-ÉGYPTIENS
Rien ne permet en outre de conclure avec certitude, à partir des données que nous possédons, que les premières cultures aryennes à
supposer que Celtes, Teutons, Grecs et Indiens partagent une même
origine culturelle — aient été réellement sous-développées et barbares.
Une certaine simplicité pure et noble dans leur vie quotidienne et son organisation, un certain souci de réalisme et une bonhomie joviale dans la conception des dieux qu'ils adoraient et dans leurs rapports avec eux, distinguent le type aryen de celui de la civilisation égypto-chaldéenne plus somptueuse et matérialiste, et de ses religions solennelles et occultes. Mais un tel tempérament n'est pas incompatible avec une haute culture domestique. Au contraire, une multitude de signes contredisent la théorie ordinaire et confirment l'existence d'une grande tradition spirituelle. Les vieilles races celtiques ont certainement possédé quelques-unes des conceptions philosophiques les plus nobles et portent encore de nos jours la marque d'un développement mystique et intuitif précoce, qui, pour produire des effets aussi durables, devait être fort ancien et très poussé. En Grèce, il est probable que le modèle hellène s'est constitué de la même façon sous l'effet des influences orphiques et éleusiniennes, et que la mythologie grecque, telle qu'elle nous a été transmise, avec son lot de suggestions psychologiques subtiles, est l'héritage de l'enseignement orphique. S'il se révélait que la civilisation indienne
a été d'un bout à l'autre la continuation de tendances semées en nous
par les ancêtres védiques, cela ne ferait donc que confirmer une
tradition générale. La vitalité extraordinaire de ces premières
cultures, qui déterminent encore chez nous les types principaux de
l'homme moderne, les éléments essentiels de son tempérament, les
tendances principales de sa réflexion, de son art et de sa religion, n'a
pu provenir d'une sauvagerie primaire. Tout ceci est le résultat d'un
développement préhistorique profond et puissant.
La mythologie comparée a déformé le sens des premières traditions de l'homme, en ignorant ce stade important du progrès humain. Elle a basé son interprétation sur une théorie selon laquelle rien n'existe entre, d'une part, le sauvage primitif et, d'autre part, Platon ou les Upanishads. Elle a supposé que les religions initiales avaient pour origine l'étonnement de barbares
qui, réalisant soudain qu'il existait, fait stupéfiant, des choses
aussi étranges que l'aurore et la nuit et le soleil, ont tenté de les expliquer d'une façon grossière, barbare et imagée. Et, de cet émerveillement enfantin, nous sautons d'un bond aux théories profondes des philosophes grecs et des sages du Védanta. La mythologie comparée est la création d'hellénistes, interprétant des données non-helléniques selon une perspective basée elle-même sur une mécompréhension de la mentalité grecque. Un jeu ingénieux de l'imagination poétique plutôt qu'une patiente recherche scientifique lui a servi de méthode.
Sri Aurobindo, LE SECRET DU VEDA
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