L'interprétation des hymnes offerte par Dayananda repose sur l'idée que les Védas sont la révélation complète d'une vérité religieuse, éthique et scientifique. Leur doctrine est monothéiste, les dieux védiques décrivant, sous des noms divers, une Divinité unique, tout en témoignant eux-mêmes de Ses pouvoirs, dont nous constatons l'action dans la Nature; une juste compréhension du sens des Védas nous mènerait donc à toutes les vérités scientifiques, qui ont été découvertes par la recherche contemporaine.
Une telle théorie est, évidemment, difficile à démontrer. Le Rig-Véda lui-même, il est vrai, affirme (I-164-46) que les dieux ne sont que des appellations différentes de l'Être universel unique, qui dans Sa réalité propre transcende l'univers; le langage même des hymnes nous force cependant à voir dans les dieux non seulement des noms mais aussi des aspects, pouvoirs et incarnations multiples du Déva unique. Le monothéisme du Véda inclut aussi les perspectives moniste, panthéiste et même polythéiste sur le cosmos, et il n'a rien de commun avec les convictions
tranchées et simplistes du théisme moderne. Ce n'est qu'en violentant
le texte qu'on pourrait lui imposer de force un discours moins complexe.
Il est aussi vraisemblable que ces peuples avaient jadis une connaissance des sciences physiques beaucoup plus poussée qu'on ne veut bien l'admettre. Égyptiens et Chaldéens, nous le savons maintenant, avaient découvert une bonne partie de ce qui a été redécouvert depuis par la science moderne et une bonne partie également de ce qui reste encore à redécouvrir. Les Indiens étaient autrefois d'honnêtes, sinon d'excellents, astronomes et ont toujours été des médecins habiles; la médecine et la chimie hindoues ne semblent pas d'ailleurs avoir été importées. Il se peut qu'ils
aient aussi maîtrisé, même très tôt, certaines autres disciplines des
sciences de la matière. Mais prétendre, comme le fait Swami Dayananda,
que les découvertes scientifiques avaient atteint un stade de
perfection absolue sera extrêmement difficile à vérifier.
L'hypothèse suivant laquelle j'entends mener ma propre enquête
est que le Véda possède un double aspect et que ces deux aspects, bien
qu'étroitement associés, doivent être traités séparément. Les Rishis
ont agencé la substance de leur pensée selon un système de valeurs
parallèles, les mêmes divinités représentant simultanément des Pouvoirs
subjectifs et objectifs de la Nature universelle, et ils ont réussi à le formuler en s'appuyant sur un discours ambivalent, où un même langage servait à la fois les deux aspects de leur culte. Le sens psychologique prédomine pourtant et il est plus fréquent, mieux intégré et plus cohérent. que
le sens littéral. Le Véda est destiné avant tout à faciliter
l'illumination et le développement spirituels. C'est par conséquent ce sens qui doit être rétabli en premier.
Sri Aurobindo, LE SECRET DU VEDA
Sri Aurobindo, LE SECRET DU VEDA
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